Depuis le 22 décembre 2021, les ministères de la Santé et de l'Agriculture reconnaissent la responsabilité des pesticides dans l'apparition du cancer de la prostate en agriculture. Une nouvelle importante pour les pomiculteurs du Limousin.
Après la maladie de Parkinson ainsi que les lymphomes non hodgkiniens (cancer du système lymphatique), le cancer de la prostate est reconnu comme maladie professionnelle pour les agriculteurs et les salariés agricoles.
Les personnes touchées par cette pathologie pourront ainsi faire une demande d'indemnisation auprès de leur caisse de sécurité sociale. Une bonne importante, notamment en Limousin, pour les pomiculteurs exposés aux produits phytosanitaires dans leurs exploitations.
Une décision bienvenue mais cependant tardive selon Pierre-Michel Périnaud de l’association Alerte des Médecins sur Les Pesticides :
Tout cela se fonde sur des preuves scientifiques, notamment sur les rapports de l’Inserm depuis 2013. Cela fait huit ans que l’on connait le rapport entre l’exposition aux pesticides et le cancer de la prostate. Il faut un temps fou pour faire reconnaître ce type de pathologies.
Pour reconnaître le cancer de la prostate comme maladie professionnelle, l'Etat s'est fondé sur les études menées depuis plusieurs années par l'Inserm. Pour Pierre-michel Périnaud d'Alerte des Médecins sur les Pesticides, cette avancée est encourageante mais insuffisante.
Depuis le début, il faut prendre le thermomètre scientifique. Quatre pathologies sont reconnues, il en reste encore dix comme ayant vraisemblablement un lien connu à l’exposition aux pesticides.
Pierre-Michel Périnaud, association Alerte des Médecins sur les Pesticides
Qu'en disent les pomiculteurs ?
Ils sont 180 producteurs faisant partie du syndicat AOP Pomme du Limousin. Une économie qui représente quelque 2 000 hectares de vergers et plusieurs dizaines de milliers de tonnes de fruits produits chaque année.
Cette filière se félicite de cette reconnaissance du cancer de la prostate mais Laurent Rougerie, président du syndicat AOP Pomme du Limousin tempère :
Il faut être prudent, l’étude Agrican montre que globalement, les agriculteurs sont en meilleure santé que le reste de la population et que le premier cancer chez les agriculteurs, c’est le cancer de la peau, lié à l’exposition au soleil. Les problématiques liées aux pesticides n’arrivent qu’en sixième ou septième position des cancers chez les agriculteurs.
Une question qui sera peut être abordée ce jeudi 13 janvier lors d’une réunion publique à Saint-Yrieix-la-Perche, espace François-Ferraud à 20 heures.