Au lendemain d'une première journée animée par de nombreuses prises de paroles des prévenus, le procès dit de l'affaire Tarnac se poursuit ce 14 mars 2018 devant le tribunal correctionnel de Paris. Cette journée du mercredi 14 mars continue dans la théâtralité.
Lors du premier jour d'audience mardi 13 mars 2018, Julien Coupat et Mathieu Burnel, désignés comme porte-paroles du groupe des 8 prévenus se sont (trop ?) approprié l'enceinte du tribunal avec des prises de paroles parfois intempestives, longues, pleines de forces, de détails mais aussi d'ironie et de désinvolture.
Et cette ambiance un brin anarchique était encore prégnante, en ce mercredi 14 mars: une altercation entre l'un des prévenus et un policier en civil a eu lieu devant l'entrée de la salle d'audience.
Pièce de théâtre
Des éclats de rire, voire des applaudissements du public: on se croirait toujours dans une pièce de théâtre. La présidente ne s'y méprend pas et a bien en main le déroulé des débats. Elle a compris qu'en laissant Julien Coupat et Mathieu Burnel parler, ceux-ci pouvaient librement exprimer leurs convictions politiques. Un moyen pour la juge d'éviter toute frustration.
#Tarnac Applaudissements du public non censurés par la Présidente à l’intervention de l’Avocat de Yldune Lévy
— France 3 Limousin (@F3Limousin) 14 mars 2018
La scène a viré à l'absurde au moment où l'audience est revenue sur les écoutes téléphoniques de certains militants:
X - Est-ce que tu es un animal aquatique ?
Y - Oui.
X - Quand est-ce que tu viens nager dans nos lacs ?
Y - Lundi.
Une enquête biaisée ?
Des éléments qui prêtent de nouveau à sourire mais qui interrogent. Face à ce langage codé, peut-on vraiment reprocher aux enquêteurs de soupçonner la préparation d'actes malveillants ? En réponse, Julien Coupat affirme qu'il était au courant de sa surveillance, le procureur de la République, nie.
#Tarnac #Coupat vient longuement de parler de sa surveillance avec détails. Intervention du Procureur « non il ne se savait pas surveillé »
— France 3 Limousin (@F3Limousin) 14 mars 2018
Selon Me Jean-Christophe Tymoczko, avocat de Yildune Levy, les policiers ont déformé la réalité: "Vous avez affaire à des personnes qui transforment, après avoir assisté à ces réunions, l’idée de ces réunions […] et vous en donnent un parfum complotiste."
L'audience est ensuite revenue sur le voyage aux Etats-Unis et au Canada de Julien Coupa et Yildune Levy: un voyage en amoureux selon les prévenus, tandis que les enquêteurs y ont vu la préparation d'un sabotage. Concernant l'acquisition de la ferme du Goutailloux, à Tarnac, le couple nie le terme de "base arrière".
Dans la soirée, le procès est revenu sur les manifestations auxquelles ont participé les militants en 2008, à Vichy et à Cologne.
Des absents et des témoignages anonymes
Depuis les premières heures du procès, la défense conteste avec détermination un procès-verbal de filature sur lequel repose l'essentiel de l'accusation contre Julien Coupat et son ex-compagne Yildune Levy.
Les prévenus regrettent que les policiers auteur de ce PV contesté témoigneront finalement anonymement. Un regret qui s'ajoute à celui de l'absence de Michèle Alliot-Marie, de son directeur de cabinet ainsi que celle de l'ancien patron du renseignement qui ont fait connaître leur indisponibilité pour toute la durée du procès. Ils ne viendront donc pas témoigner.
Lors de la première journée d'audience, le tribunal a accepté un déplacement sur lieux du sabotage de la ligne SNCF en Seine-et-Marne. Ce déplacement doit avoir lieu le 23 mars 2018.