Pendant deux jours, l’ONF, l'Office National des Forêts, organise sur plusieurs sites en Limousin des manifestations autour des journées internationales des forêts. Une partie des visites porte sur l'adaptation de la forêt de demain au changement climatique. Exemple à Sédières en Corrèze, où l’ONF gère une forêt.
Au début du 19e siècle, les forêts de feuillus en Corrèze n’occupaient qu’un quart du territoire. Aujourd’hui, près de la moitié de la surface du département est boisée. Une évolution qui s'explique par un recul de l'élevage et du pâturage. L'exploitation des résineux a pris le pas, avec tout d'abord le pin sylvestre planté de 1930 à 1950, l’épicéa de 1950 à 1970, puis avec une nette prédilection pour la plantation de sapin de douglas. Ce résineux naturellement imputrescible, originaire de l'ouest de l'Amérique du nord, doit son nom au botaniste écossais qui l'a introduit en Europe, David Douglas.
Victimes du changement climatique
Dans la forêt domaniale de Sédières, sur la commune de Clergoux en Corrèze, Erik Madelaine observe et constate. Le technicien forestier n'est pas surpris, ce qu'il voit ici est hélas un constat qui se généralise en Limousin. Il va bientôt falloir couper plusieurs douglas, victimes du changement climatique. Les douglas donnent normalement trois années d’aiguilles, mais ceux-là n’en portent plus qu’une. " Vous voyez l'épaisseur du feuillage ? Ca devrait être beaucoup plus épais que ça !" Et pour la suite, il n’est pas très optimiste.
Si les conditions climatiques de cet été sont toujours très sèches et chaudes, il y a de fortes chances qu'il y ait une mortalité progressive l'année prochaine et la suivante
Erik Madelaine - Technicien forestier de l'ONF Corrèze
Les dangers de la monoculture
Toujours à Sédières, quelques dizaines de mètres plus loin, dans cette parcelle gérée par l’ONF, il y avait des Sapins de Vancouver, autrement appelés Grandis et adaptés à un climat pluvieux. Des victimes de la sécheresse en 2018 et 2019, qu’il a fallu abattre. Alors l’ONF a replanté des essences carrément différentes : chêne Sessile, érable sycomore ou encore cèdre de l’Atlas.
Et c’est cela la leçon du changement de climat. Avec en plus, une absolue nécessité : plus de monoculture !
On s'est aperçu que les forêts mono-spécifiques avaient beaucoup plus de problèmes sanitaires, quand il y avait des attaques d'insectes notamment, les forêts mélangées sont plus résilientes et produisent un humus de meilleure qualité
Jean-Philippe Castagnio - Responsable ONF Corrèze, unité territoriale Sud-Est Limousin
Nous en sommes encore loin en Limousin, où la forêt est essentiellement privée et où rien ne contraint vraiment les propriétaires à anticiper les conséquences du réchauffement climatique.