La médecine scolaire serait le premier désert médical en France, selon un récent rapport parlementaire. Près d’un poste sur deux est vacant, faute de candidats. Résultat : les infirmières scolaires, présentes au quotidien au plus près des élèves, peinent à remplir toutes les missions qui leur incombent.
Blessures sportives, maux de tête ou de ventre, dès 10h, comme tous les matins, à l'heure de la récréation, les élèves du collège de Lubersac en Corrèze sont nombreux devant le bureau de l’infirmerie. "Vous êtes tous là pour moi ?", s’étonne faussement l'infirmière médicale de l’établissement.
Depuis 2014, Isabelle Do Nascimento est infirmière scolaire. Elle a en charge les 278 élèves du collège de Lubersac en Corrèze, mais aussi ceux des onze écoles primaires du secteur. Une zone touchée par la désertification médicale ces dernières années. Ce qui joue énormément sur son activité. "Le lundi matin, je vais avoir beaucoup plus d’accueils et de consultations. Les élèves viennent me voir parce qu’il y a eu un problème dans le week-end et ils n’ont pas appelé le 15. Du coup, ils viennent me voir. J’ai du mal à tout combler, il y a même une frustration de ne pas pouvoir tout faire", déplore Isabelle Do Nascimento.
Il y a beaucoup de mal-être, on se rend compte que depuis le confinement dû au covid, beaucoup d'élèves sont mal.
Isabelle Do NascimentoInfirmière scolaire
Pénurie aussi chez les médecins scolaires
La région ne compte que 117 infirmières scolaires, soit une pour 930 élèves. Cette pénurie concerne surtout les médecins scolaires, en charge du dépistage et de l’accompagnement des troubles. Ils ne sont plus que cinq pour toute l’Académie de Limoges. "Le fait qu’il y ait cette pénurie, il y a des missions qui ne sont pas faites. Du coup, chaque année, on nous donne de nouvelles missions. Là, depuis deux ans, on gère les projets d'accueil individualisé. En Corrèze par exemple, à la fin de l’année, nous n’aurons plus de médecins scolaires", alerte Valérie Noutary, secrétaire académique SNIES (syndicat des infirmiers UNSA Éducation).
En Haute-Vienne, seulement trois médecins scolaires, dont une conseillère technique départementale, continuent de gérer le secteur de Bellac en raison du manque d'effectifs. Au niveau national, près d’un poste sur deux n’est pas pourvu.
Une pénurie qui s'explique
Tous les secteurs médicaux souffrent d'un manque de médecins, mais encore plus cette spécialité. L’attractivité est la cause principale de cette pénurie. Les salaires sont inférieurs à ceux des médecins du travail. Huit enfants sur dix n'ont jamais vu de médecin scolaire. Arrivés en classe de 6ᵉ, seulement 60 % des enfants bénéficient du bilan infirmier, ce qui est pourtant obligatoire.