"Je souhaite que les 600 000 Français atteints de maladie chronique qui n’ont pas de médecin traitant puissent en disposer d'ici à la fin de l’année". C’était la promesse du président de la République en janvier. Arrivés en décembre, nous sommes encore loin du compte.
Le président de la République a fait deux fois la même promesse : lors de ses vœux aux soignants le 6 janvier et lors de son allocution à la télévision du 17 avril. À chaque fois, le discours est le même : chaque patient atteint d’une ALD, une affection longue durée, aura un médecin avant la fin de l’année. Le chiffre de départ avancé par Emmanuel Macron est de 600 000 personnes concernées, la réalité tournait plutôt autour de 700 000.
Où en est-on le 6 décembre ?
Beaucoup d’observateurs considéraient que cette annonce était irréaliste, et ils avaient raison. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) comptait, fin octobre, encore 530.000 patients en ALD sans médecin traitant.
Dans notre région, la situation est la même. La Haute-Vienne est passée en un an de 3 800 patients en ALD sans médecin traitant à 2 500. En Creuse, on est passé de 2 400 patients concernés en juin à 1 500 aujourd'hui, grâce notamment à l'ouverture de deux centres de santé solidaires. C’est une baisse importante, mais on est loin d’avoir réglé le problème.
Comment a-t-on procédé ?
Dans chaque département, c'est la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) qui est à la manœuvre.
Les assurés concernés ont d’abord reçu un courrier dans lequel on leur demandait d’accepter que l’assurance maladie engage des démarches. La grande majorité a accepté. Ensuite, l’assurance maladie a recherché ceux qui avaient déjà vu plusieurs fois un même médecin au cours de l’année précédente. Ces médecins ont été contactés et la plupart ont accepté de devenir médecin traitant de ces patients, jusqu’ici occasionnels.
Existe-t-il d’autres leviers ?
L’assurance maladie propose maintenant aux médecins de financer des "assistants médicaux". Ces nouveaux professionnels peuvent faciliter leur travail, et en échange, les médecins s’engagent à prendre davantage de patients. Le but est d’augmenter le "temps médical".
Plus généralement, l’assurance maladie travaille avec l’ordre des médecins, l’Agence régionale de santé, et les groupements locaux de soignants pour essayer d’avancer.
L’objectif est-il tenable ?
Pour Anthony Ponticaud, sous-directeur de la CPAM 87, cela prendra du temps, car la situation évolue en permanence : "100%, ce sera difficile, avec des nouveaux patients en ALD qui arrivent régulièrement et des médecins qui vont partir à la retraite."
On sait aussi que la démographie médicale restera problématique pendant encore plusieurs années. Selon l’ordre des médecins, en Creuse, le nombre de médecins a, par exemple, baissé de 34 % depuis 2010.
Les patients qui cherchent un médecin doivent s’armer de patience et le site de l’assurance-maladie qui doit les aider n’est pas à jour. C'était déjà le cas en janvier. Il devrait proposer des contacts dans les prochains mois.
Il reste du travail, tout comme pour une autre promesse ambitieuse d’Emmanuel Macron : "Désengorger tous les services d’urgence" d’ici fin 2024…