Accident du travail. "On ne sait pas ce qui peut arriver dans cinq ou dix ans" : quand médecine rime avec prévention

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L'audition de cette salariée est testée grâce à un casque qui émet des signaux sonores.
Le Service de Prévention et de Santé au Travail Corrèze Dordogne accompagne 13.400 entreprises et 140.000 salariés sur ces deux départements. ©François Clapeau / André Abalo - France Télévisions

La médecine du travail ne se résume pas qu'aux visites préalables à une embauche. Ses missions ont évolué et se concentrent désormais sur la prévention des risques en entreprise. Notre équipe a suivi le quotidien de ces soignants en Corrèze qui font tout leur possible pour que travail rime avec santé.

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“Est-ce que vous portez des lunettes ou des lentilles ?” Tous les salariés connaissent le principe : Leslie Lopez vient d'être embauchée dans un garage corrézien. Elle a rendez-vous au Service Prévention Santé Travail de Tulle pour une toute première visite médicale. “Est-ce que vous prenez des médicaments pouvant altérer la vigilance : somnifères, antidépresseurs, antiépileptiques ?” la questionne l'assitante du médecin.

Eric Chinchilla est un ancien généraliste et urgentiste. Désormais, il prévient les maladies, accompagne les salariés en cas de problème, et toujours, conseille : “Elle travaille dans une ambiance où il y a des agents polluants, des fumées d’échappement… donc, il y a des règles, des consignes. Si elle est amenée à faire de la peinture, il y a également des règles.”

Quand on lui demande si elle fera attention, la garagiste répond : “Le dos surtout, pour se baisser, bien faire travailler les cuisses…”

Visites en entreprise

“Bonjour, c’est Mme Laville de la médecine du travail, pour les mesures de bruit.” La santé au travail ne se résume plus aux visites médicales. Chrystelle Laville est technicienne hygiène et sécurité. Ce jour-là, sa mission l'emmène dans une entreprise de Malemort, en Corrèze, qui fabrique des confitures et des compotes. Elle est venue accompagnée d'un drôle de petit objet : “Ça, c'est un exposimètre : je vais vous le mettre sur l’épaule", explique-t-elle à Jacky Martins, conducteur de machines. "Ça n’enregistre pas ce que vous dites, ne vous inquiétez pas…” 

Ce n'est pas l'inspection du travail, il n'y a pas de sanction, mais des mesures et des échanges : “Le bruit, les vibrations, le radon, les poussières, la lumière… Tout ça, il faut savoir si on est au-delà des seuils réglementaires et accompagner les entreprises pour diminuer l’exposition aux risques des salariés.”

Il faut penser à l’avenir : si on est constamment dans le bruit sans protection, on ne sait pas ce qui peut nous arriver dans cinq ou dix ans.

Jacky Martins, conducteur de machines

Moins bruyant, une table ronde sur le statut des salariés aidants qui doivent s'occuper d'un proche dépendant, en plus de leur activité professionnelle. Avec le vieillissement de la population, le sujet préoccupe. “Des salariés qui ne vont pas se déclarer, c’est peut-être parce qu’ils n’osent pas et qu’ils ont peur de l’impact de leurs déclarations...” avance cette aidante.

Dans les locaux du service de santé au travail, une mutuelle informe des chefs d'entreprise et des DRH sur les aides possibles, comme Sandrine Dounies : “Je pense que c’est une problématique qui va être de plus en plus importante dans les années à venir, donc il faut être prêt, il faut avoir des solutions." 

Une branche peu attractive

Pour faire face à ces enjeux, la santé au travail tente d'attirer de nouveaux médecins comme Alexane Dupuy, jeune interne en stage, convaincue par l'enjeu de la prévention. 

“Si on évite d’être malade, dans ce cas-là, on n’a pas besoin de soigner... Ca peut paraître un peu frustrant quand on a fait dix ans d’études à apprendre des bouquins entiers sur les traitements pour qu’à la fin, on ne puisse pas prescrire. Certains internes sont assez réticents à ça, c’est normal. Mais il faut de tout !"

Cependant, la médecine du travail est peu attractive. C'est la spécialité la moins demandée par les étudiants en médecine. Pourtant, elle a des avantages : le médecin a le statut de salarié et travaille trente-cinq heures par semaine, jamais le week-end. De plus, il accompagne toujours plus de profils selon Philippe François, président du Service Prévention Santé Travail de Tulle : “Maintenant, on est en plein dans la prévention : le salarié vient voir quand il veut son médecin du travail. Le dirigeant aussi, ça aussi, c’est nouveau.”

En 2022, sur 120 postes de médecins du travail ouverts en France, seuls 96 ont été pourvus.

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