Surcharge de travail, compétences peu valorisées, manque de moyens humains et techniques, le métier de greffier est en souffrance et peine à séduire. Exemple au tribunal de Tulle, avec deux greffiers qui suppléent les postes vacants.
Comme les avocats et les magistrats, ils portent la robe, et assistent les juges pendant les audiences."Pendant l'audience, le rôle principal du greffier va être de noter ce qui est dit aux débats. Ce sont les notes du greffier qui vont faire foi", explique Laëtitia Gidoin, greffière au Tribunal de Tulle.
Les greffiers ont aussi la charge d'authentifier les actes des magistrats. Indispensables au fonctionnement de la justice, ils sont les garants du respect de la procédure.
Saturés de travail, privés d'adjoints administratifs et équipés de logiciels obsolètes, à Tulle comme partout en France, les greffiers ne cessent de dénoncer le manque de moyens alloués à leurs services. Le 21 septembre dernier, ils étaient en grève et la plupart des audiences ont été annulées ce jour-là. Depuis, les traces de leur colère sont toujours affichées dans les tribunaux.
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40% de postes vacants
Sur les quinze postes de greffier du tribunal de Tulle, six ne sont pas occupés. 40% de postes vacants pour une charge de travail identique, qui se répercute sur les présents.
Greffier au pôle social et aux prud'hommes, Fabrice Boutot est aussi en charge des saisies sur salaires depuis l'été et l'arrêt pour maladie d'un de ces collègues. Actuellement, il suit 900 dossiers. "Il faut constamment se réadapter. L'absence d'une seule personne va entraîner la réorganisation de quatre ou cinq postes. Concrètement, moi, j'ai dû absorber un service supplémentaire."
Sur son bureau, comme sur celui de Laëtitia Gidouin, les dossiers s'accumulent, et il faut prioriser les urgences : "Sur les ordonnances de protection, on a six jours pour tenir une audience et rendre une décision. C'est très court", détaille la greffière en charge des affaires familiales.
Difficile de recruter
Face à la charge de travail, et à la polyvalence indispensable, le métier de greffier peine à attirer, constate la présidente du tribunal de Tulle, Marie-Sophie Waguette : "Dans les petites juridictions comme celle de Tulle, la polyvalence nécessaire que doit avoir le greffier comme le magistrat implique qu'un certain nombre de greffiers ne se sentent pas en capacité de passer d'un service à l'autre."
Deux postes supplémentaires
Le 31 août dernier, le ministre de la Justice a détaillé la répartition au sein des 36 cours d'appel de France des 1 500 postes de magistrats et 1 500 greffiers prévus par la loi d’orientation et de programmation 2023-2027, qui doit être définitivement entérinée par le Parlement cet automne.
Deux postes de greffiers sont alloués au Tribunal de Tulle. Encore faut-il qu’ils soient pourvus. Rouvert depuis neuf ans, le tribunal n'a connu des effectifs de greffiers complets que pendant un an et demi.