C'est un prédateur redouté par les éleveurs de brebis depuis son apparition en Limousin. Le loup multiplie les attaques de troupeaux notamment au cœur du parc naturel régional, sur le plateau de Millevaches. Les agriculteurs déplorent aujourd'hui un manque de mesure pour sécuriser les élevages.
Plus de 15 attaques enregistrées et 60 brebis tuées en moins d’un an, dans un rayon de quelques kilomètres.
Pour permettre aux éleveurs de défendre leurs troupeaux, un arrêté départemental pris le 7 novembre 2022 autorise désormais des tirs de défense sur le périmètre du plateau de Millevaches. C’est le troisième arrêté de ce type.
"Ces tirs de défense simple nous permettent de demander à un chasseur de surveiller notre troupeau, mais les moyens sont limités contrairement aux tirs de défense renforcés qui permettent l’action de plusieurs chasseurs avec du matériel comme de la vision nocturne", confie David Moratille, éleveur.
Une espèce menacée ?
Ces éleveurs craignent donc pour l’avenir de la filière ovine dans le secteur. "Tout cela va se solder par la suppression du mouton. Si nous n’arrivons pas à protéger nos troupeaux, si on ne peut pas les élever… Des animaux qui sont attaqués régulièrement ne sont pas productifs. Quand ils ne s’en prendront plus aux moutons, ils s’en prendront aux vaches".
Depuis quatre générations, ces éleveurs sélectionnent la Limousine. Une race emblématique locale qu’ils jugent aujourd’hui menacée. « Quand on fait de la génétique, il y a des souches, des mêmes objectifs de rusticité de la race. Nous avons un capital génétique qui s’additionne d’année en année, mais il est remis en cause aujourd’hui. Faire de la sélection avec des attaques de loups, c’est incompatible, les animaux doivent être élevés dans le calme et dans la quiétude. »
Faire de la sélection avec des attaques de loups, c’est incompatible.
Gérard Moratille, sélectionneur de race limousine
Le loup : une espèce protégée
L'enjeu pour le parc naturel régional est donc de maintenir ses caractéristiques agricoles et de défendre la biodiversité, dont le loup qui fait partie des espèces protégées.
"Il faut arrêter de dire ou de penser que nous sommes pour ou contre le loup. Le loup est arrivé, il avait disparu il y a un siècle de cela. Le dernier avait disparu en 1925 en Corrèze. Les éleveurs se sont habitués à la non-présence du loup. Aujourd'hui, il fait, de nouveau, irruption dans leur paysage. Aujourd'hui, la question c'est "comment faire avec lui ?", confie Philippe Brugère, président du parc naturel régional Millevaches.
Quelles solutions pour protéger les troupeaux ?
Pour tenter de protéger les troupeaux, plusieurs systèmes ont été mis en place, notamment des clôtures spécifiques. "C'est d'un côté technique, financier et humain de protéger les parcelles du jour au lendemain. C'est impossible !", confie Jessica Hureaux, chargée de mission grands prédateurs PNR Millevaches.
Le Parc naturel régional avance aussi une autre mesure. "Nous sommes le seul PNR de France a avoir embauché une technicienne à temps complet à ce sujet et à avoir investi dans du matériel pour aider les éleveurs et leurs troupeaux."
Pour vivre avec le loup dans les parages, la première étape est d'apprendre à la connaître d'après le parc naturel régional qui a financé des dizaines de caméras qui filment au moindre mouvement alentours. "Ce sont parfois des branches, parfois des chevreuils et parfois des loups. Cette caméra l'a pris deux fois. Nous l'utilisons à la fois pour le suivi du loup, pour savoir s'il y en a un ou plusieurs, connaître son territoire et son comportement."
Problème, le PNR du plateau de Millevaches est confronté au vol de ces caméras. Reste à savoir qui en est l'auteur, des défenseurs ou opposants du loup ?