Depuis plus de 70 ans, les ateliers de la Reliure du Limousin restaurent des documents anciens et empêchent ainsi un patrimoine écrit de se délabrer. Pour pérenniser ce savoir-faire, un centre de formation a aussi vu le jour.
"La conservation du support papier est fondamentale parce qu'on ne sait pas ce qu'il adviendra du support numérique dans vingt ou trente ans", analyse Théophile de Bonnaventure, directeur de la Reliure du Limousin.
Dans ses ateliers, à Malemort, en Corrèze, soixante employés "ressuscitent" parchemins et registres, parfois datant du 19e siècle. Un travail minutieux et nécessaire à la conservation du patrimoine écrit.
Il y a des informations qu'on obtient sur le support physique, qu'on n'a pas sur le support numérique. Je pense que le geste et le savoir-faire de nos restaurateurs est aussi un patrimoine intangible.
Théophile de BonnaventureDirecteur de La Reliure du Limousin (19)
Séduire la nouvelle génération
À l'heure du tout numérique et des départs à la retraite, former de nouvelles recrues devient indispensable. Pour préserver ce savoir-faire, l'entreprise vient de créer son propre centre de formation.
Dix élèves s'assoient tous les jours sur les bancs de cette école de la restauration : parmi eux, des reconversions, mais aussi des jeunes. À 27 ans, Dominique Mirou, revêt tous les jours son tablier d'apprenti restaurateur, un métier qui fait sens pour lui.
"C'est grisant évidement quand on tombe sur un document précieux et puis quand on le nettoie, on tombe sur quelques noms qu'on reconnait peut-être un style d'écriture ou des dates. On a l'impression d'avoir quelque chose d'important dans les mains, un petit bout d'histoire que l'on va réparer" détaille Dominique Mirou.
Treize kilomètres de papiers à rénover
Les archives départementales sont le plus gros client de l'entreprise en terre corrézienne. Entre ses murs, treize kilomètres de papiers, pas toujours en bon état, n'attendent qu'à être réparés. Sans les restaurateurs, ces ouvrages très anciens risquent de dormir quelques années de plus sur les étagères des archives du département.
Notre but, ce n'est pas d'entasser les documents pour le plaisir de les conserver pour l'éternité. Notre but, c'est de les donner à disposition de nos lecteurs. S'ils sont trop abimés, ou s'ils partent en miettes, on serait entièrement coincé.
Justine BerlièreDirectrice des archives départementales de la Corrèze
Aujourd’hui, la relève semble assurée, avec déjà 150 candidatures pour la rentrée prochaine. Un nouveau chapitre s'ouvre désormais pour l’art de la restauration.
Au-delà de son aspect historique, le patrimoine pèse aussi lourd sur les finances des communes. Faut-il vendre les châteaux, les hôtels particuliers et les églises ou les restaurer souvent à grands frais ? Les maires se retrouvent coincés dans ces dilemmes, entre réalité économiques et bonnes décisions pour les administrés. C'est le thème de cette Enquête de Région sur l'avenir des patrimoines.
Article écrit par Nina Santi avec Eléa Tymen et Camille Becchetti.