Le gouvernement français vient d'annoncer qu'il allait changer la répartition des aides de l'Union Européenne à l'agriculture.
Cet arbitrage mécontente à la fois les agriculteurs bio qui craignent pour la viabilité de leur fiière et les tenants d'une agriculture plus traditionnelle.
L'agriculture biologique serait-elle victime de son succès ?
Alors que la demande de produits bio ne cesse de croître, les agriculteurs français de cette filière sont inquiets : le financement de leur activité est sur la sellette.
L'an dernier, la vente des produits issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement a bondi de 20 %, atteignant 7 milliards d’euros.
Dans le même temps, la surface agricole engagée dans l’agriculture biologique a augmenté de 16 %. Elle totalise aujourd'hui plus de 1,5 million d’hectares, soit 5,7 % de la surface agricole utile.
Mais selon la Fédération Nationale de l'Agriculure Biologique (FNAB), seules 2 % des aides agricoles européennes affectées à la France sont versées aux paysans bio, soit 160 millions d’euros sur 7,44 milliards. Elle estime qu’il faudrait 3 % d’aides supplémentaires, ce qui porterait à 5 % le montant des aides de la PAC attribuées à la filière.
Cette semaine, le ministre de l'agriculture Stéphane Travert a annoncé un transfert de 4,2 % des montants du «pilier 1» (consacré notamment aux aides à l’hectare, donc favorable massivement aux céréaliers) vers «le pilier 2» (petites exploitations de zones défavorisées comme le Limousin, installation des jeunes agriculteurs et développement du bio).
Une mesure qui mécontente l'ensemble du monde agricole : insuffisante pour les acteurs de l'agriculture biologique et la Confédération Paysanne, inacceptable pour les tenants d'une agriculture conventionnelle, notamment la FNSEA et les grands céréaliers.
En Limousin, les aides du "2ème pilier" destinées aux zones défavorisées et au développement rural sont particulièrement importantes.
C'est ce que rappelle Jean-Paul Denanot, l'ancien président de l'ex Région Limousin, aujourd'hui député européen membre de la commission "agriculture et développement rural" au Parlement Européen.