Depuis 6 ans, la robotique agricole a sa place au Salon de l'Agriculture de Paris. L'an prochain, il devrait y avoir encore plus de stands que les éditions précédentes. Mais alors, quelle est la place des robots agricoles en Nouvelle-Aquitaine, première région agricole de France ?
L'exploitation de Loïc Cottin a des airs de ferme du futur... Cet éleveur haut-viennois a investi il y a 7 ans plus de 400 000 euros dans un robot d'alimentation, et deux robots de traite. L'objectif ? La rentabilité.
Grâce aux robots, 110 vaches se font traire 24 heures sur 24. 1 tonne de lait est produite chaque année ici. L’œil de l'éleveur semble être devancé par cette haute technologie.
Il pèse les animaux, mesure la qualité du lait, le podomètre, la mesure de la rumination, etc. Le moindre souci sur une bête, on le sait très tôt.
Loïc Cottin, éleveur à Séreilhac
Loïc Cottin élève des bêtes depuis 40 ans. Dans le temps, il était adepte des salles de traites, mais aujourd'hui, il enfile quotidiennement sa casquette de technicien agronome. Devant son ordinateur, il a un aperçu extrêmement précis de sa production. "Donc 3100 litres produits en 24 heures, 28 kg de lait en moyenne par vache, 2,6 traites en moyenne par jour..."
Un robot-maraîcher au lycée agricole d'Ahun
La robotique arrive désormais jusque dans les formations. Le lycée agricole d'Ahun, en Creuse, expérimente pour la première fois un robot-maraîcher. Laurent Bonin, formateur en maraîchage, fait les présentations : "C'est un robot qui fait du désherbage, du semis, et qui peut être autonome si on lui dit ce qu’il a à faire."
L'autonomie a un prix : 30 000 euros, financés à 80% par la région Nouvelle-Aquitaine.
La tendance actuelle est plutôt à revenir à des choses simples et plus petites, manuelles ; et on est quand même sur technologies sophistiquées... C'est un investissement et je ne suis pas sûr que les jeunes que je peux côtoyer veuillent aller vers ça.
Laurent Bonin, formateur en maraîchage
D'ici 2025, tous les lycées agricoles devront disposer d'un atelier en agriculture biologique. Pour y parvenir et limiter les coûts en main d'œuvre, le choix de ce robot-désherbeur s’est imposé.
Dominique Carrère, directrice d'exploitation se projette dans l'avenir. "La prochaine étape, c'est que tout soit en culture maraîchage et que notre robot travaille tout seul (rires) ..." Finalement, aura-t-on encore besoin de former les maraîchers ? "Oui, pour semer, planter et récolter, parce que le robot n'est pas encore capable de récolter quand même."
François Belorgey, stagiaire en maraîchage, est plus sceptique : "L’impression que ça a donné, c'est qu'il y a une réflexion sur la modernisation des pratiques en maraîchage... Veut-on un travail manuel ou un travail dans lequel on peut être aidé ?"
La robotisation des exploitations se fera-t-elle au détriment des emplois ? La réponse de la Chambre d'agriculture reste nuancée.
Je pense qu'il faut que ce soit calculé : soit un investissement sur du salariat, soit, peut-être, se faire aider par un robot. Les deux peuvent être complémentaires, il ne faut pas les mettre en opposition.
Pascal Lerousseau, président de la Chambre d'agriculture de la Creuse
L'Hexagone compterait 14 000 robots agricoles, dont 80% pour la traite des vaches en 2020.