La guerre en Ukraine a soulevé la question de la souveraineté alimentaire. Aujourd’hui, l’Europe veut assumer son rôle nourricier, quitte à mettre de côté le verdissement de son agriculture. Comment les agriculteurs bio de Nouvelle-Aquitaine réagissent à ces mesures ?
Moncrabeau est une petite commune de 720 habitants, nichée au cœur du Lot-et-Garonne. Parmi ses habitants, nous avons rencontré Jean-Christophe Chassaigne, agriculteur.
Son activité : céréalier et éleveur de vaches, en agriculture biologique. « En bio, on ne compte que sur l’agronomie, on n'a aucun produit chimique. Pour nous, il est important d’allonger les rotations le plus possible - c’est-à-dire de revenir sur la même parcelle le plus tard possible -, avoir des vaches, ça nous permet d’ajouter des prairies (du trèfle, de la luzerne), que l’on va faucher pendant 2-3 ans. Tout ça nous permet de restructurer les sols, les régénérer avant de revenir avec une culture dessus ».
Deux activités complémentaires qui lui permettent aujourd’hui d’être autosuffisant. « La particularité, c'est qu’on a une activité de transformation de nos graines, ce qui nous permet de séparer les grains qui ne sont pas propres pour la consommation humaine, ces grains-là nous servent à nourrir nos vaches », ajoute-t-il.
« J’avais envie d’avoir un métier qui ait du sens par rapport à mes valeurs »
Ancien salarié dans la grande distribution, Jean-Christophe a choisi de se reconvertir dans l’agriculture en 2010 : « J’ai fait ça parce que j’avais envie d’avoir un métier qui ait du sens par rapport à mes valeurs. La grande distribution, on peut l’accabler de tous les mots, mais c’est du commerce. Les vraies gens, ce sont les clients qui décident ou non d’aller dans ces magasins ».
Aujourd’hui, il cultive une quinzaine de cultures sur 1300 hectares. « On a des rendements 3 à 4 fois inférieurs par rapport à une agriculture conventionnelle mais ça dépend des espèces. Il y a des espèces où il y a très peu d’écart en soja ou en tournesol par exemple », explique-t-il.
La productivité du bio en question
Des rendements plus faibles qui font que l’agriculture bio se retrouve parfois délaissée au profit de l’agriculture conventionnelle. « Les messages que l’on entend sur le productivisme de l’agriculture, sont conjoncturels, j’espère que ça ne sera pas un prétexte pour se livrer à des pratiques sur lesquelles on avait beaucoup progressé », confie Jean-Christophe Chassaigne.
Mais elle trouve aussi ses avantages dans ce contexte marqué par la guerre en Ukraine. « Les filières bio françaises ne subissent pas les impacts des cours mondiaux, parce que c’est produit localement. Il n’y a pas de bourse de céréales pour la bio, ce sont des échanges entre les producteurs et les filières de consommation. C’est la résilience du modèle agricole biologique en France », conclut l’agriculteur.
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