Agriculture biologique. 16 Millions d'euros pour compenser la fin des aides de la PAC en Nouvelle-Aquitaine

Dans la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune) 2023-2027, l'aide au maintien de l'agriculture biologique disparaît. Une aide que la région Nouvelle-Aquitaine a souhaité compenser en allouant une enveloppe exceptionnelle de 16 millions aux agriculteurs bio. Plafonnée à 6 000 euros par exploitation, cette aide d'un an a vocation à limiter les déconversions dans cette filière en difficulté.

À un mois du passage en 2023, l'annonce est un soulagement. Bref, mais primordial pour ces agriculteurs qui ont fait le choix de pratiquer du bio. 

"Cette annonce est très importante pour nous. Après, ce n'est que pour un an, nous on a besoin de voir sur du long terme", confie Thomas Lemoine, céréalier installé à Verneuil-Moustiers, converti en bio depuis 2014.

Une compensation provisoire

Le 8 novembre dernier, les élus régionaux de Nouvelle-Aquitaine ont en effet voté l'attribution d'une aide exceptionnelle d'un montant de 16 millions d'euros à destination des agriculteurs bio. Une aide qui permet de compenser provisoirement (pendant un an), la suppression de l'aide au maintien de l'agriculture biologique prévue par la PAC 2023-2027. 

L’Etat n’a pas reconduit ces aides, la région le fait pour une dernière année, parce que l’on veut éviter les déconversions. Nous savons que l’agriculture bio est en difficulté, nous avons donc souhaité marquer notre soutien à ces agriculteurs avec cette aide exceptionnelle.

Région Nouvelle-Aquitaine

Financée à hauteur de 4,3 millions d'euros par la région et 11,6 millions d'euros par le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), cette aide "devrait permettre de compenser les difficultés provisoires rencontrées par la filière". 

En effet, si 9 Français sur 10 consomment aujourd'hui ponctuellement du bio, les chiffres pourraient chuter au vu du contexte économique actuel. Inflation record, hausse des prix de l'énergie : ces produits bien souvent plus coûteux pourraient se retrouver délaissés par les consommateurs. Une situation qui commence déjà à se manifester. Jusqu'à présent en pleine croissance, la consommation de produits bio a baissé pour la première fois en 2021 pour atteindre -1.34%. 

La Nouvelle-Aquitaine, deuxième région bio

Une situation qui inquiète dans la deuxième région Bio de France. Juste derrière l'Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine compte aujourd'hui près de 9 300 exploitations bio ce qui représente près de 15% de la totalité des exploitations.

En Limousin, 874 exploitations sont actuellement bio : 

  • 287 fermes bio en Creuse pour 11.658 ha (6,2 % du total)
  • 441 en Corrèze pour 15.684 ha (6,9 % du total)
  • 519 en Haute-Vienne pour 30.173 ha (10,5 % du total) 

Converti en bio depuis 2014, Thomas exploite actuellement 250 hectares de terres sur la commune de  Verneuil-Moustiers en Haute-Vienne. Il a évalué ses pertes financières avec la nouvelle PAC : "je vais perdre environ 10 000 euros d'aides par an. Nos charges, elles, vont continuer d'augmenter en raison notamment de la hausse des prix de l'énergie. Cette perte va donc être conséquente. Heureusement que je suis en fin de carrière, j'ai moins d'investissements à rentabiliser", ajoute l'agriculteur. 

Une aide plafonnée à hauteur de 6 000 par exploitation

Plafonnée à hauteur de 6 000 euros par exploitation, cette aide ne compensera donc pas la totalité des pertes évaluées par Thomas : "c'est mieux que rien. La région nous soutient depuis des années, elle continue encore de le faire. Après c'est frustrant, c'est évident, mais on doit s'adapter si on veut se maintenir". 

Maintenir ces exploitations bio mais surtout éviter les déconversions, c'est à dire le passage de l'agriculture bio vers l'agriculture conventionnelle, c'est avant tout ce que souhaite éviter la région avec cette aide. "La région Nouvelle-Aquitaine continue à croire au bio. On a eu un petit ralentissement des conversions au bio en 2022 mais ce n’est pas significatif, précise la Région. "Nous n'avons pas encore le chiffre régional, mais au niveau national, ces déconversions sont pour l'instant évaluées à 5% sur l'année 2022". 

"Un manque de valorisation des produits bio"

Moins rentable, car les rendements sont plus faibles, l'agriculture biologique est avant tout un choix éthique pour ces agriculteurs.

Ce n’est pas une question de surcoût où de rentabilité plus faible mais derrière tout cela, nous, on a le sentiment qu'il y a un manque de valorisation des produits. On apporte une qualité supérieure à travers une agriculture plus respectueuse de l'environnement et aujourd'hui on n'a pas le sentiment que tout cela soit valorisé.

Thomas Lemoine, agriculteur céréalier bio installé à Verneuil-Moustiers en Haute-Vienne

D'autres aides instaurées par la nouvelle PAC pourraient permettre de limiter les pertes économiques pour ces agriculteurs et notamment les "éco-régimes", les bonus réservés à la bio. Reste à savoir concrètement comment elles vont s'appliquer à partir de 2023. 

La région Nouvelle-Aquitaine de son côté, souhaite continuer à valoriser cette pratique : "nous allons renforcer les circuits de distribution bio mais aussi travailler sur la promotion du bio pour mettre en avant ses bienfaits". 

Une promotion qui pourrait aussi passer par le développement d'outils numériques comme "CartoBio", une carte interactive grand public permettant de visualiser les parcelles agricoles bio, dévoilée ce jour à l'occasion du salon des Maires. 

Un outil mis en avant par l'Agence Bio comme un "allié précieux des collectivités locales déterminées à encourager et à intégrer le développement du bio au sein de projets territoriaux plus globaux". 

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