Lundi 24 janvier 2022, le président de la République visitera la maison de santé de Bourganeuf avant de rencontrer des professionnels de santé. La démographie médicale creusoise est un problème compliqué à résoudre.
La maison de santé de Bourganeuf compte une vingtaine de professionnels de santé répartis dans 2 bâtiments : le premier se situe dans le centre de la petite ville et le second se trouve à 10 kilomètres de là dans le village de Saint-Dizier-Leyrenne. Malgré cette structure, l'une des patientes croisée sur place par notre équipe se dit oubliée du système de soins : "Les urgences de l'hôpital de Bourganeuf sont ouvertes de 8 heures à 20 heures. Après, il faut aller soit à Guéret, soit à Limoges. C'est une catastrophe".
Les locaux appartiennent à la communauté de commune de Bourganeuf. Les médecins sont locataires, et y trouvent leur compte. Le docteur Marie Bussy apprécie "la facilité de communication entre les professionnels de santé, le fait de ne pas être isolé, d'être proche de ses collègues, de pouvoir s'absenter en sachant que nos patients seront pris en charge par nos confrères".
La structure répond effectivement à la demande des jeunes praticiens qui préfèrent aujourd'hui un exercice collectif de leur profession.
Pas de solution miracle
Depuis 2017, le nombre de généralistes a diminué de 13% en Creuse, contre 2% sur l'ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine. Il y a aujourd'hui moins de 100 médecins généralistes pour 117.000 habitants. Alors pour attirer des volontaires, il est nécessaire de déployer les grands moyens.
Jean Baptiste moreau, député (LREM) de la Creuse, note que "son département est l'un de ceux qui possèdent le plus grand nombre de maison de santé, mais que certaines d'entre elles ont du mal à trouver des locataires". Selon le député, c'est le cas de celle Boussac.
Alors pour attirer des médecins, les élus locaux sont obligés de leur déployer le tapis rouge. Mais tout ne fonctionne pas toujours comme ils l'entendent.
A Boussac, la communauté de commune a fait le pari de financer une partie des études d'un futur médecin à travers un prêt très avantageux. En échange, l'étudiant devait rester au village pendant au minimum 3 ans. En Février 2021, il n'était pas vraiment sûr de le faire.
Quand ils terminent leurs études de médecine, la plupart d'entre eux est en passe de créer une famille. Ils veulent avoir des activités culturelles, sportives, du travail pour leur conjoint ou une crèche pour les enfants.
Tout ce que la Creuse a du mal à leur fournir. Pourtant, la qualité de vie y est bien meilleur qu'en ville.
Inciter ou contraindre ?
La Creuse fait face à une double difficulté : pas assez de médecins formés alors que l'ancienne génération part progressivement à la retraite. Le gouvernement paie une politique mise en place dans les années 70, consistant à réduire le nombre d'étudiants formés. Le numérus clausus a été supprimé en 2018. Désormais, 3000 étudiants de plus sont formés chaque année en France (128 de plus à la Faculté de médecine de Limoges). Mais ils ne seront opérationnels que dans une dizaine d'années.
Pour Jean Baptiste Moreau, "il faut cesser la course à l'échalotte qui consiste à offrir toujours plus aux jeunes médecins pour qu'ils s'installent. Il faut aussi que les élus locaux cessent de se faire concurrence pour attirer les rares volontaires". Le député aimerait que des mécanismes un peu plus contraignants soient inventés.
Dans son numéro de janvier, l'émission Cash investigation parle de l'obligation des jeunes médecins canadiens de s'installer dans un désert médical pendant 3 ans en échange d'une plus forte rémunération.
Nul doute que tous ces thèmes seront abordés lors de la table ronde entre les professionnels de santé et le président de la République.