Après deux liquidations judiciaires, un collectif de paysans se mobilise pour relancer l’abattoir de Bourganeuf, à l’arrêt depuis mai 2023. Ce mercredi 13 décembre, le groupe a demandé au tribunal de commerce un délai pour présenter une offre de reprise de cet outil de production.
En Creuse, sauf pour la volaille abattue à Guéret, les éleveurs doivent parcourir des kilomètres pour faire tuer leurs bêtes. L’abattoir de Bourganeuf a vu le jour le 1er mai 2020. Cet outil de production, très attendu des agriculteurs, devait permettre d'abattre, découper et transformer la viande.
Seulement la partie abattage n’a jamais fonctionné et le site a déjà connu deux liquidations judiciaires. La dernière a eu lieu le 10 mai 2023. Depuis, l’activité du Pôle viande demeure à l’arrêt, mettant sur le carreau 10 salariés et la quarantaine de producteurs usagers.
Un collectif d’éleveurs veut relancer l’activité
Après la coopérative C’est qui le patron, un collectif d’éleveurs et de consommateurs s’engage pour tenter de sauver cette infrastructure, au travers d’une association intitulée : "Paysans du Limousin et consommateurs". Parmi eux, Claude Skrzypczak, éleveur.
Aujourd’hui, nos bovins sont abattus à Limoges. Les volailles à Guéret. Les porcs à Ussel ou à la Châtre dans l’Indre, mais ça fait loin. On y passe beaucoup de temps et de carburant. Pour les animaux, c’est loin aussi. Si je pouvais faire abattre mes animaux ici, ce serait un grand confort et moins de stress pour les bêtes.
Claude Skrzypczak, éleveur creusoisà France 3 Limousin
L’association veut relancer l’activité du site. Pour ça, ce mercredi 13 décembre 2023, elle a demandé au tribunal de commerce un délai supplémentaire pour présenter une offre de reprise. "On est confiant. On est bien accompagné parce qu’aujourd’hui ces problématiques autour de la valorisation des viandes se posent partout en France. Il y a des dynamiques de recherche de solutions dans d’autres régions et on bénéficie d’une mutualisation d’expérience", explique Jean-Luc Seignez, président association "Paysans du Limousin et consommateurs".
En attendant, l’association doit réaliser une levée de fonds de 30 000 euros afin d’effectuer plusieurs audits qui lui permettront d’établir le modèle économique à venir." Nous devons notamment faire un audit sur les questions énergétiques, car ce sont des installations très gourmandes en énergie et son coût a évolué, donc on a absolument besoin de voir quelles sont les marges de manœuvre", précise son président.
Pour obtenir les financements nécessaires, ils viennent de lancer une cagnotte participative.
En plus d’être un lieu de valorisation de leurs produits, ces paysans en vente directe pensent cet abattoir comme un lieu d’échanges et de diffusion des savoirs. Un enjeu majeur dans un contexte de baisse progressive du nombre d'agriculteurs dans les campagnes françaises.