La Creuse, des déserts médicaux toujours persistants, malgré davantage de médecins

Des médecins sont recherchés dans des communes isolées de la Creuse. A Royère-de-Vassivière, un praticien est désespérément attendu ces prochaines semaines. Pourtant, malgré ces manques, le nombre de professionnels de santé a évolué dans le département depuis une dizaine d'années.

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En haut du plateau de Millevaches, à Royère-de-Vassivière dans la Creuse, l'arrivée d'un médecin est scrutée de près. L'actuel médecin généraliste de la petite commune de 575 habitants quitte ses fonctions pour des raisons personnelles. Un remplaçant est recherché désespérément. Date limite : le 3 octobre prochain. Après, les habitants des communes environnantes devront faire la route jusqu'à Faux-la-Montagne, situé à une quinzaine de kilomètres, pour une consultation.

La situation n'est pas évidente, surtout pour une démographie de plus en plus âgée : "Il y a un manque. Cela devient de plus en plus critique. D'autant plus que la population est vieillissante", se désespère le maire de Royère-de-Vassivière, Raymond Rabuteau.

Avec 318 médecins pour 100 000 habitants, la Creuse reste un désert médical selon les critères du ministère de la Santé. Un territoire est considéré comme "désert médical" quand la densité de médecins par rapport à la population est de 30 % inférieure à la moyenne nationale. En Creuse, la densité était inférieure de 41 %, en 2019.

Personne malgré de bonnes infrastructures

Pourtant, les installations de la petite commune sont optimales : une maison médicale flambant neuve, un réseau de praticiens à cheval sur la Creuse et la Corrèze, cinq pharmaciens et sept autres professionnels de santé, dont des infirmiers, des kinésithérapeutes... Tout pour inciter un médecin à prendre ses quartiers dans le sud-ouest de la Creuse.

"Nous sommes tous coordonnés. Tout le monde est soudé. Il y a beaucoup de jeunes généralistes qui ont peur de se retrouver isolé à la campagne", approuve la future ex-médecin de la localité, le docteur Ophélie Bugeaud. Selon elle, la réalité est différente : "Je ne me suis jamais sentie seule depuis que je suis ici."
 

De la "séduction"

Malgré les appels de pied, les délais peuvent parfois être longs pour installer un médecin dans des villages. En 2017, face aux "fragilités de la Creuse au regard de plusieurs indicateurs de santé", l'Agence régionale de santé (ARS) met en place son plan Santé+23. Parmi les cinq priorités, figure "l'amélioration de l’attractivité du territoire creusois pour les médecins".

Ce plan spécifique à la Creuse a permis de placer tout le département en zone d’accompagnement complémentaire (ZAC). Conséquence directe : les médecins sont éligibles aux aides à l’installation de l’Assurance Maladie et des collectivités territoriales. De plus, des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ont été implantées dans trois communes de la Creuse.

Le réseau de santé s'est étoffé depuis une dizaine d'années. Des étudiants en médecine viennent également effectuer au moins un stage en milieu rural. Ce qui réjouit Jean-Luc Léger, conseiller départemental de la Creuse : "J'ai la conviction qu'un étudiant qui ne connaît pas la campagne, peut s'y installer. Il peut être séduit par les modes de vie. Peut-être pas tous les étudiants, mais certains, oui. Je crois beaucoup plus aux mesures incitatives et à la séduction, qu'aux mesures coercitives."

La méthode fonctionne. Chiffres à l'appui. En dix ans, le nombre de médecins pour 100 000 habitants a augmenté de 13,6 % dans la Creuse, selon le Conseil national de l'Ordre des médecins. Une tendance observée également sur l'ensemble du Limousin.
 
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Toujours selon les données du Conseil national de l'Ordre des médecins, plus aucun bassin de vie dans la Creuse est en situation "défavorisée". Tous sont en position "encourageante".


 
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