Lors d’une conférence de presse ce jeudi 3 février, la préfète de la Creuse, Virginie Darpheuille, et le procureur, Bruno Sauvage, ont fait le point sur la délinquance. La hausse des violences faites aux femmes et des violences intrafamiliales est préoccupante. Plusieurs mesures ont été dévoilées.
A la Caserne Bongeot de Guéret ce matin, les principaux représentants des forces de l’ordre affichent une mine grave. Principal sujet de préoccupation : les chiffres des violences faites aux femmes et des violences intrafamiliales. Il fallait s’y attendre, ces chiffres ne sont pas bons.
En Creuse, on a recensé 444 victimes de violences intrafamiliales en 2021. 77% de ces victimes sont des femmes. Une hausse de 52% par rapport à l’an dernier.
On a aussi dénombré 318 victimes de violences conjugales : 82% sont des femmes, en hausse de 45%, dont 26 victimes de viols ou violences sexuelles (100% de femmes).
La Creuse n’est pas épargnée par la tendance nationale, constate la préfète Virginie Darpheuille.
C’est bien évidemment le contexte sanitaire qui avec des huis clos qui se sont mis en place, des addictions qui se sont développées, est venu renforcer un phénomène qui préexistait.
Virginie Darpheuille, préfète de la Creuse
La libération de la parole des victimes a aussi certainement joué un rôle sur l’augmentation des faits recensés. Une parole que les autorités veulent contribuer à libérer un peu plus. Dans un département où l’isolement est un des principaux risques, l’Etat veut aller au contact.
"Des maisons dédiées au recueil de la parole des victimes ont été ouvertes et nous allons lancer un bus mobile de la gendarmerie qui va se déplacer, y compris dans les endroits les plus isolés pour inciter les victimes, les voisinages, les témoins à parler", confie la préfète.
Au sein de la gendarmerie, une référente s'occupe spécifiquement des cas de violences conjugales. C'est la Maréchale des logis chef Cindy Rosec. C'est elle qui reçoit en priorité les femmes victimes.
On doit faire preuve d'empathie envers les victimes mais aussi envers les agresseurs. Il faut pouvoir les comprendre pour éviter la récidive.
Cindy Rosec, maréchale des logis
Que fait la justice ?
"Il y a eu une hausse significative des déferrements au parquet. 125 agresseurs ont ainsi été poursuivis. Je rappelle que dans les cas de violences conjugales, quand les faits sont portés à ma connaissance, je n'ai pas besoin d'une plainte pour poursuivre" explique Bruno Sauvage.
En Creuse, la réponse pénale prend aussi la forme de nouveaux dispositifs comme les bracelets anti-rapprochement pour les agresseurs. 9 sont actuellement portés dans le département et 6 téléphones grave danger ont été confiés à des victimes.
À l'association Intermede 23, on ne s'étonne pas des chiffres en hausse. L'association accueille les victimes de violences conjugales à toutes les étapes. En amont, quand des crises peuvent être préoccupantes au sein d'un couple. Pendant la crise, avec accompagnement des femmes pour quitter le domicile, déposer plainte, faire les démarches administratives. Un accompagnement dans la continuité, avec également le recueil de témoignages.
"En Creuse, on a un maillage très riche, confie Mathilde Petit, d'Intermede 23. Et la parole est libérée au sein de notre département - ce qui amène les personnes à pousser les portes de nos associations. C'est beaucoup moins tabou, c'est beaucoup plus médiatisé notamment pour les violences psychologiques qui sont de plus en plus reconnues. Ce qui permet aussi la libération de cette parole."
Numéros Utiles
Pour les victimes : 3919
Pour les auteurs qui veulent se faire aider : 08 019 019 11
Intermède 23 : 05 55 41 73 46
CIDFF (Centre d'Information sur les Droits des femmes et des Familles) : 05 55 52 99 41
Conseil départemental : 05 44 30 25 02