Samuel Deléron, pompier volontaire et réalisateur, a filmé le quotidien des pompiers de la caserne de son village de Faux-la-Montagne en Creuse. Sur le plateau de Millevaches, le centre de secours compte moins de vingt pompiers qui effectuent une centaine d'interventions par an.
Le film commence par les images d'un village comme il en existe des milliers en France. Un petit village et des paysages ruraux. Nous sommes à quelques kilomètres du lac de Vassivière, en Creuse, sur le plateau de Millevaches. La carte posale est belle, elle pourrait même être banale.
Faux-la-Montagne ne ressemble pourtant à aucune autre commune de sa taille. 400 habitants vivent ici, il y a 7 habitants au kilomètre carré. Les communes voisines vous le diront : Faux est un drôle de village. Ici, tout le monde se connait. Les saisons sont marquées. Des étés au climat continental et des hivers souvent rudes même si les anciens racontent qu'avant, ils étaient plus durs et plus longs encore à 720 mètres d'altitude. Faux est surtout réputé pour son dynamisme et sa vitalité. Le Carnaval sauvage vient chaque année animer les rues du centre en faisant participer toutes les générations.
C'est peut-être tout cela qui a attiré dans ce coin retiré du Limousin Samuel Deléron.
Jamais je ne m’étais imaginé devenir pompier un jour. J’ai commencé à regarder les pompiers en m’installant à Faux-la-Montagne, un petit village de 4OO habitants situé au coeur du Limousin, sur le Plateau de Millevaches. Je crois bien que jusque-là, les pompiers, je ne les voyais pas. Puis je les ai approchés. Et au final, à 40 ans je suis devenu pompier volontaire.
La caserne est à l'image du village, elle bénéficie d'une vitalité qui marque tous ceux qui passent. Vitalité fragile mais vitalité quand même. Comme ailleurs, les pompiers ont des codes, un langage commun et des règles communes. Mais au-delà de tout cela, ce qui les unit et les réunit, c'est la volonté, l'envie, la nécessité d'aider les autres. Sauver des vies. Trois mots qui guident les hommes et les femmes issus de milieux différents. Ils et elles n'ont aucun passé commun ou presque mais ensemble, ils et elles bâtissent un présent, construisent ce qui se fonde sur la solidarité et l'altruisme.
En intégrant cette équipe, j’ai tout de suite eu le sentiment de contribuer à la vie de ce territoire rural, d’y participer activement, d’en être un acteur. Aujourd’hui, j’ai conscience que je n’aurais jamais pu être pompier ailleurs que dans mon village.
Et d'ajouter "Avec les pompiers, j'ai tout de suite eu l'impression d'avoir trouvé ma place".
La caserne Jean Morel a toujours fonctionné avec des pompiers volontaires. D'ailleurs, chez les Morel, cela fait trois générations que la tenue de pompiers fait partie de la vie de tous les jours. Damien est le chef de centre, il a pris la suite de son père Jean-Louis qui avait poursuivi l'engagement de son père Jean. Damien ne peut s'empêcher de voir en son fils la relève arriver. Damien est boulanger, comme son père qui reste au fournil quand il est appelé, ce qui rend les choses possibles. Dans la famille Morel "on a les pompiers dans le sang".
Pour espérer faire naître quelques vocations, la caserne accueille régulièrement des élèves qui demain prendront peut-être le chemin d'un centre de secours après cinq semaines de formation.
Ils sont boulanger, archéologue, employé municipal et tous ont fait le choix de s'engager pour la vie des autres, car c'est bien de cela dont il s'agit. La caserne est située au coeur du village. On ne peut que la voir mais que sait-on des pompiers volontaires qui la maintiennent en activité ? Peu de choses. Que connaît-on des doutes des pompiers ? De leur lassitude parfois ? Rien. Le premier hôpital est situé à une heure de route de Faux-la-Montagne, c'est Limoges ou Guéret. Une heure, une éternité. C'est dire la nécessité de l'existence de la caserne creusoise, ici. Le manque de médecin se fait sentir, inévitablement. Toutes les interventions sont plus lourdes, plus compliquées, y compris pour les feux.
Samuel Deléron n'a pas réalisé un film sur les pompiers. Il a filmé des pompiers qu'il connaît et cela change tout, ce sont les pompiers de son village. Lui-même connait leur sens de l'engagement, les difficultés de certaines interventions, les risques pris pour que la vie continue, malgré tout. Sauver ou périr. Cela demande des entraînements, des exercices réguliers. Lorsque celui que rien ne prédestinait à devenir pompier a filmé sa caserne, la pandémie bouleversait les habitudes. Le documentaire montre cela, aussi. Pas de bal du 14 juillet, pas de fête de la Sainte Barbe, pas d'exercices en commun, pas de commémorations les 8 mai et 11 novembre. Une vie au ralenti, comme dans tout le pays.
Tous vivent avec un Bip accroché à la ceinture. Avec une centaine d'interventions par an, ils ne sont pas débordés mais ils sont toujours présents. Fidèles au groupe.
Extrait du film Les pompiers de mon village
Hapés par l'humanité des pompiers volontaires filmés, on découvre un esprit. On les suit lors de leurs interventions : un feu dans le conduit d'un poêle à bois, une suspicion de covid-19, la première sur le territoire, qui les oblige à revêtir un équipement de protection nouveau, la distribution traditionnelle du calendrier qui est l'occasion de constater l'attachement de la population française aux pompiers et le respect qu'ils inspirent...
A Faux et dans les communes alentours, le réseau téléphonique ne facilite pas les interventions, parfois des anglais ne parlent pas français, les routes peu larges ralentissent les secours.
Tout le monde vous le dira, Faux la Montagne est un drôle de village et avec les pompiers, nous formons une drôle d’équipe.
Le documentaire Les pompiers de mon village montre la vie d'une caserne, celle que l'on devine ou que l'on fantasme. Il pose aussi avec beaucoup de sensibilité, un autre regard sur la ruralité.
Filmées par Samuel Deléron, les images de cette Creuse peu connue, les rencontres de ce lieu, les vocations qui positionnent l'humain avant toute autre chose, participent à continuer d'écrire l'histoire de la caserne Jean Morel de Faux-la-Montagne.
Les pompiers de mon village
Réalisation : Samuel Deléron
Coproduction : Les Films de l'Aqueduc, KOOX productions et France Télévisions
Diffusion : lundi 15 novembre 2021 à 22H55 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine
Rediffusion : vendredi 19 novembre à 9h50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine
A voir ou revoir sur : na.france3.fr et france.tv