Coronavirus : un drive fermier dans les lycées en Nouvelle-Aquitaine

Les producteurs locaux qui fournissent habituellement les établissements scolaires sont en grande difficulté. La Région Nouvelle-Aquitaine leur vient donc en aide en organisant des drives fermiers dans les lycées pour les mettre directement en relation avec les parents d'élèves. 

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Beaucoup de producteurs locaux ont été laissés sur le carreau après l'annonce du confinement des élèves et l'annulation des commandes des cantines. Pas de chance, ces dernières années, les collectivités s'étaient donné des objectifs pour substituer des petits producteurs, parfois bio, aux gros fournisseurs industriels. Des producteurs qui ont vite pris le pli d'avoir ce débouché de la restauration scolaire. Un débouché qui représente de gros volumes. Le lycée Favard de Guéret à titre d'exemple prépare 900 repas par jour.

Pour venir en aide à toute cette filière, le 4 mai, le parking du lycée va se transformer en un grand drive fermier. Les parents d'élève vont être contactés via Pronote, le logiciel qui leur permet de suivre les résultats de leurs enfants et de communiquer avec l'établissement. Ils seront invités à passer commande sur un site spécialement créé pour le drive et à venir s'approvisionner en produits frais : viande, fromages, légumes, toute la production qui sert habituellement à nourrir leur progéniture. Pour eux ça sera aussi l'occasion de pouvoir rencontrer ces producteurs.

Une idée qui a germé à la tête de la Région Nouvelle-Aquitaine. Conscient de la fragilité de tous ces producteur, le président Alain Rousset a voulu leur donner un coup de pouce. C'est une opération gagnant/gagnant : aider les producteurs et les faire connaître aux parents des lycéens. L'association des coordonnateurs des établissements publics locaux d'enseignement (ACENA) a été sollicitée. Cette structure regroupe une vingtaine de groupements alimentaires qui gèrent la restauration scolaire de 615 établissements en Nouvelle Aquitaine. C'est elle qui a proposé la forme du drive.

Une première expérience a été menée avec succès dans les Pyrénées-Atlantiques

"Nous nous étions fixé un objectif de 15 000 euros et il a été atteint. En quelques jours nous avons eu 8 000 connexions sur le site de vente" se réjouit Thierry Pousson le président de l'ACENA. "En fait, les parents d'élèves remplacent dans une certaine mesure les débouchés perdus de ces producteurs.  Nous avons mis en place une boutique en ligne où nous avons recensé tous ce que les producteurs proposent à la vente. La vente en ligne est ensuite ouverte pendant 4 ou 5 jours. Les producteurs ont ensuite 4 ou 5 jours pour préparer leur commande et ils viennent la livrer le jour J. C'est un système qui convient les satisfait pleinement car en ce moment ils courent les drive fermiers de la région pour vendre leur produits et ils ne savent plus où donner de la tête. Là nous vendons leur production à leur place et à part la préparation des commandes, ils n'ont rien à faire".

 

Après une première vente réussie, le bouche-à-oreille a bien fonctionné et la demande est là. Le drive n'est d'ailleurs pas seulement réservé aux parents d'élèves, mais est accessible à toute la population. Le point de vente va aussi être ouvert à d'autres producteurs en difficulté et notamment les maraîchers qui font des asperges et qui peinent à écouler leur production.

A Guéret, on va donc tenter de reproduire la même chose. Grâce aux services de la mairie le parking du lycée va spécialement être aménagé pour faciliter la circulation et limiter les contacts. David Gipoulou le gestionnaire du lycée est dans les strating blocks pour le 4 mai.

"Quand Geneviève Barrat, la vice-présidente de la Région, nous l'a proposé, nous avons tout de suite accepté de jouer le jeu. Ça fait partie du relationnel avec nos fournisseurs. Toute l'année, ils nous aident et là nous avons l'occasion de leur rendre la pareille. J'ai déjà recensé tous ceux qui pourraient être intéressés, ainsi que les produits qui peuvent être proposés à la vente. En Creuse ce n'est pas toujours évident car ils viennent de tous le département et il faudra peut-être envisager d'ouvrir des drive dans d'autres établissements, à Aubusson ou à La Souterraine par exemple".

Les producteurs de leur côté sont ravis. Amandine Bathier, de la ferme des 4 Compères à Ladapeyre, produit 1 500 volailles dans des petites cabanes comme dans les Landes. Elle venait de commencer à travailler avec le lycée Favard, juste avant le début du confinement. 60 volailles pour une première commande, soit des quantités tout à fait respectables. Ses produits seront donc référencés sur le site mis en place par le lycée.

"C'est très bien que initiatives comme ça voient le jour. Entre le drive de la chambre d'agriculture et celui du lycée ce n'est que du plus pour nous alors que nous sommes dans une situation difficile. Nos débouchés sont les collectivités et les restaurateurs qui ont cessé toute activité. C'est donc très bien que la Région nous aide. Dans le contexte actuel les drive sont vraiment essentiels " explique la productrice de volailles.

Quel sera l'avenir de cette initiative avec la reprise des cours à partir du 11 mai ?

"Nous nous sommes aperçus que le drive fait venir des parents qui ne sont pas forcément habitués à tout ce qui est circuit court et qui découvrent, souvent avec surprise, que leurs enfants mangent des produits de qualité. Nous allons donc tenter de poursuivre l'expérience au moins jusqu'à la reprise normale des cours pour tous les élèves car si nous rouvrons la cantine en servant 150 repas au lieu de 1 000, les producteurs auront encore besoin d'aide", explique Thierry Pousson.

Ce que confirme David Gipoulou : "On ne sait pas ce que ça va donner mais nous envisageons d'ores et déjà de proposer une deuxième vente le 11 mai".

En Limousin, l'opération est également en train de se monter au avec le lycée Georges Cabanis de Brive. L'opération sera aussi étendue en Dordogne et en Gironde.



 
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