La chambre d'agriculture de la Creuse a organisé une journée portes ouvertes à Noth (Creuse) pour encourager l'utilisation des méthaniseurs dans l'agriculture. Une pratique rentable, mais qui ne fait toutefois pas l'unanimité dans le monde scientifique. Explications.
Jean-Luc Guillerot est éleveur porcin à la retraite. Il est venu assister à la journée portes ouvertes organisée par la chambre d'agriculture de la Creuse pour en savoir plus sur les méthaniseurs. Quelques années en arrière, l’idée d’en installer un lui aurait bien plu : "Sur le porc, les années n'ont pas toujours été bonnes et quand il y a des systèmes comme ça, c'est presque un deuxième métier, mais ça apporte une sécurité à la ferme", affirme-t-il.
Comme partout en France, la chambre d'agriculture soutient l'installation de ces engins, dont le but est d’utiliser des déchets verts pour produire du méthane, et le revendre. Les agriculteurs sont les bienvenues, et le but est simple : "Leur faire connaître des procédés qui permettent de traiter leurs effluents et de faire des projets collectifs permettant de gagner de l'argent", explique Alain Peinaud, éleveur bovin.
Ce méthaniseur de Noth est installé depuis cinq ans ; trois agriculteurs ont emprunté deux millions d’euros pour le construire. Ces professionnels ont été attirés par l’écologie, les subventions publiques importantes et le gain potentiel.
En revanche, l’entretien du méthaniseur est conséquent. Et en l'absence de déchets verts, impossible de l'éteindre. Il faut l’alimenter continuellement. "Lorsqu'on fait un prêt pour ça, on est obligés de faire tourner la machine une fois qu'on l'a. On voit des bergers qui n'ont plus de prairies où les moutons peuvent paître, car l'herbe part au méthaniseur. On voit des manques de paille, de fourrages, des trajets phénoménaux...", nous raconte Daniel Chateigner, coordinateur du Collectif scientifique national pour une méthanisation responsable.
Le scientifique dépeint un cercle vicieux, qui a, selon lui, une conséquence néfaste sur l'environnement.