Le prix des matériaux ne cesse d'augmenter : face à l’inflation, des artisans se trouvent avec de multiples devis sans réponse et luttent pour garder leur entreprise à flot alors que les aides, elles, peinent à arriver. Reportage en Creuse.
+25% sur la plaque de plâtre, +12% sur la laine de verre ce matin-là chez un fournisseur de Guéret. Le coût des matériaux de construction n’échappe pas à l’inflation. Ainsi explique Julien Gautier, chef d'agence Chausson à Guéret : "L’énergie a un coût aujourd’hui et ce prix augmente... donc forcément ça se répercute sur les matériaux. On fait beaucoup de pédagogie, on essaie d'expliquer, mais parfois le client ne comprend pas et on perd des ventes."
Dans ce contexte, les trésoreries des artisans sont en tension. C’est le cas chez Vincent Lavaure, artisan plaquiste. Son carnet de commandes est plein, mais dans l’incertitude de l’avenir, il a choisi de se séparer d'une partie de sa main d’œuvre :
"On a regardé nos coûts, nos charges, pour voir où on pouvait faire des économies. On a essayé de faire beaucoup de devis de plus-value chez nos clients... Certains ont été acceptés, pour d’autres, c'est compliqué. J’avais des contrats qui arrivaient à terme en CDD et donc, je n’ai pas renouvelé. "
Tenir, mais jusqu'à quand...
Le prix des marchandises ne cesse de fluctuer. Impossible de se projeter au-delà de trois semaines. Il existe des aides pour financer des travaux, encore faut-il qu’elles soient adaptées et efficaces. Paul Chaput est président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de la Creuse : "En cours d’année, les aides changent, on ne sait pas comment, on n’est pas avertis et on se retrouve dans la panade d’avoir fait une remise qui n’existe plus au moment de faire la facture. Le client, lui, aura son aide parfois huit mois après, ce n’est pas tenable non plus. »
Certains tentent d'anticiper, en percevant un acompte et en stockant la marchandise en amont, mais là encore, rien n'est simple : "Si on a réussi à avoir l'acompte du client, à commander les matériaux, les recevoir, les stocker... il faut aussi avoir la trésorerie pour faire ça. Ça amortit le coût, ne restera que la main d'œuvre au moment du chantier, mais on ne sait pas ce que sera. Mais dans le bâtiment, on travaille minimum à 6 mois, sur certains chantiers sur 1 an."
Tenir, mais jusqu'à quand... Les artisans attendent de nouvelles augmentations au printemps 2023.