L'association creusoise entend promouvoir auprès des professionnels du secteur et des propriétaires de forêts une gestion plus durable, tout aussi rentable, mais pensée sur le long terme afin de préserver cette source de biodiversité et la beauté des paysages limousins.
Nous sommes à Maisonnisses, à une quinzaine de kilomètres au sud de Guéret en Creuse. Une commune rurale aux paysages typiques du Limousin. Une zone vallonnée dessinée par ses tons de vert, au gré de ses bois, forêts et prairies. Une beauté simple et authentique à laquelle les membres de l’association « Nos bois pour demain » sont attachés. Au point de militer pour sa préservation. Le groupe s'est encore étoffé, il compte actuellement une soixantaine d'adhérents.
Contre des forêts "défigurées", l'alternative de la sylviculture douce
Ces dernières années, aux détours des routes sinueuses qui ponctuent ce paysage aux lignes harmonieuses, on tombe nez à nez avec ce que ces membres de l'association qualifient de laideur. Des coupes rases ou des coupes à blanc de feuillus sur d’immenses surfaces viennent assombrir le tableau. Un constat partagé par certains habitants de communes environnantes : Lépinas, Peyrabout, Sous-Parsat, Saint-Yrieix-les-Bois, Sardent, Saint-Eloy, Sainte-Feyre, Guéret, le Donzeil, Néoux.
En février 2022, ils ont créé l’association pour tenter d’inverser le phénomène. Ils prônent la sylviculture douce afin que tout le monde s’y retrouve. À la fois, les propriétaires forestiers très sollicités en ces périodes de forte hausse du prix du bois, les exploitants qui fournissent les scieries et l’industrie et les habitants qui défendent leur cadre de vie. Il s’agit de réussir à concilier les intérêts de chacun. L’association entend y parvenir par le dialogue et une meilleure connaissance de cet écosystème. Des visites pédagogiques sont proposées au grand public, des actions de sensibilisation autour de la forêt.
Pour la sauver, il faut impliquer beaucoup de monde. Et pour cela, il faut qu’on connaisse la forêt donc on est partenaire du conservatoire d’espaces naturels et de la LPO parce que dans la forêt, il y a l’arbre, les insectes qui vivent dedans, les oiseaux, les racines, les champignons. Il y a tout un monde.
Eliane OlivrinMembre de l'association " Nos bois pour demain"
Le capital forêt
Certains membres de l'association sont propriétaires forestiers, d'autres ne le sont pas. Mais tous sont convaincus que l'exploitation de la forêt peut évoluer avec d'autres méthodes plus respectueuses de l'environnement. Une gestion à long terme et des revenus plus échelonnés aux propriétaires de parcelles de chênes, châtaigniers ou hêtres, des essences recherchées dont les prix se sont envolés. Mais la sylviculture douce génère également des revenus. L'alternative est toutefois méconnue.
On garde son capital forêt. On peut à peu près tous les quinze ans, quand on a des feuillus qui ont déjà bien poussé, reprendre des bois. Donc, on peut, à ce moment-là, faire pousser des arbres de qualité en les sélectionnant avec l’aide d’experts et voilà, la forêt reste couverte entièrement avec de grands arbres
Pierrette BidonMembre de l'association "Nos bois pour demain"
L’association creusoise a, dès sa constitution, reçu le soutien du maire de Maisonnisses. Sans étiquette, il reconnait, sans faux semblant, que le sujet des coupes à blancs préoccupe certains élus alertés par leurs administrés. Sans vouloir opposer les professionnels de la filière bois aux riverains de sa commune qui s’étend sur 11 km² dont trois quarts de surface boisée, il concède que l’on assiste à un phénomène qui prend de l’ampleur : "Ce qu’on voit ici, des montagnes d’arbres coupés, ce n’est pas autre chose que l’on donne à la filière industrielle les moyens de fonctionner et c’est sans doute très légitime, mais encore faut-il qu’elle préserve l’environnement", explique ainsi Dominique Berteloot, maire de Maisonnisses (23)