Un déficit hydrique de plus de 60%, un record pour ce début d'année 2023 en Creuse. "Le niveau alerte sécheresse", c'est ce que demande le président de l'intercommunalité du grand Guéret à la préfète du département. En février, le niveau de production des captages est presque inférieur de moitié par rapport à 2022.
Pour bien se rendre compte de la situation alarmante dans l'agglomération de Guéret, notre équipe est allée sur l'un des nombreux points de captage d'eau potable. Le constat est sans appel : "À cette époque de l'année, on devrait avoir un trop-plein équivalent au double de la situation actuelle. Actuellement, on peut y assister sans bottes alors que normalement, on a les pieds dans l'eau", explique Geoffrey Mousnier, directeur de la régie eau et assainissement.
Des chiffres alarmants
Le niveau de production est en ce moment de 1 736 mètres cubes par jour, c'est 2 fois moins qu'en février dernier.
Dans l'une salle des services techniques de l'agglomération de Guéret, le président et ses cadres font le point sur une situation inédite depuis 70 ans. "Sur le territoire de l'agglo, nous remplissons les critères pour passer directement au niveau alerte parce que les captages ne donnent pas suffisamment. La semaine dernière, 1 700 mètres cubes par jour alors qu'ils devraient donner plus de 3 000 mètres cubes par jour, explique Eric Correia, le président de l'agglomération du Grand Guéret. Donc la situation est grave et elle n'est pas pour s'arranger."
Des chiffres alarmants qui font craindre le pire pour les mois qui viennent. Une pénurie d'eau potable n'est pas à exclure l'été prochain si la pluie se fait trop rare pendant le printemps.
"C'est très mal parti pour l'année 2023, on préfère prévenir et restreindre les usages dès maintenant de manière que l'on puisse éviter de passer l'été en étant obligés d'acheter et de fournir des bouteilles d'eau à la population.", explique Eric Correia.
Le président de l'agglomération du Grand Guéret a demandé à la préfète de Creuse, dans un courrier du 22 février, de placer Guéret et son agglomération en niveau alerte sécheresse.
Demande de mesures immédiates
Concrètement, cela obligerait les usagers à ne plus utiliser l'eau en journée pour arroser les jardins, les stades, nettoyer les rues, mais de ne le faire qu'entre vingt heures et huit heures. Les remplissages de piscines neuves seraient interdits.
"En priorité, l'eau potable doit servir aux usagers, aux citoyens, clame le président de l'agglomération du Grand Guéret. Il y a plein d'autres solutions à trouver. En Israël par exemple, on utilise à 80% les eaux usées qui recirculent, en Espagne à 14% et en France, on est à moins de 1%."
La préfecture partage le constat et l’inquiétude des élus, et se dit prête à agir dans les jours ou semaines qui viennent… Si la pluie ne tombe pas en mars, le niveau d’alerte pourrait être déclenché, d’autant plus que la Gartempe est déjà mise à contribution pour assurer la consommation journalière des 140 mille abonnés de l’agglomération.
Bastien Mérot, secrétaire général de la préfecture de la Creuse, explique ainsi : "Aujourd'hui, nous sommes déjà dans les critères de la zone d'alerte. Parce que les captages sont très nettement en dessous de la moyenne. On est à 1700 m³ par jour alors que l'on devrait être à au-dessus de 3000 m³ par jour. Grâce à la Gartempe, on peut amener le complément à Guéret où la consommation est de 2500 m³ par jour, mais le débit de la Gartempe est en train de baisser."