Lors de son déplacement en Creuse ce lundi 24 janvier, Emmanuel Macron a abordé, entre autre, les thèmes des déserts médicaux, de l’agriculture et de la ruralité. Dans un entretien qu’il a bien voulu accorder à France 3 Limousin, le président est revenu en détails sur ces sujets. Transcription. Emmanuel Macron, en déplacement en Creuse ce lundi 24 janvier, a d’abord rencontré des élèves du lycée agricole d’Ahun, où, avec eux, il a abordé les thématiques de la jeunesse et de l’emploi en zone rurale.
Emmanuel Macron, en déplacement en Creuse ce lundi 24 janvier, a d’abord rencontré des élèves du lycée agricole d’Ahun, où, avec eux, il a abordé les thématiques de la jeunesse et de l’emploi en zone rurale.
Puis, interpellé par des représentants de syndicats agricoles, il a tenu une réunion à huit clos, avec ces derniers et le ministre de l'Agriculture.
Enfin, il s’est rendu à Bourganeuf, dans une maison médicale, pour rencontrer des professionnels du milieu et échanger avec eux sur la problématique des déserts médicaux.
Alors qu’il devait enfin rejoindre Aubusson, pour élever André Chandernagor, ancien ministre, à la dignité de Grand’ Croix de la Légion d’Honneur, le grade le plus élevé de l’Ordre, le président a bien voulu accorder une interview à France 3 Limousin, à Franck Petit et Samuel Chassaigne, pour revenir sur ce différents sujets.
Voici la transcription d'une partie de cet entretien, la totalité étant disponible en vidéo à la suite :
Les déserts médicaux
Emmanuel Macron : "On connaît le problème : ces quinze-vingt dernières années, on a, dans les territoires qui sont les moins peuplés, perdu des médecins.
Et donc la question c’est : comment nous passons la prochaine décennie ?
On a ce débat : est-ce qu’il faut forcer des médecins à venir dans nos campagnes, où il manque des médecins, où des médecins s’en vont ?
C’est un sujet qui est très délicat, parce que c’est très dur de forcer quelqu’un à venir s’installer avec sa famille.
La clé est dans une réponse à plusieurs facteurs : on a créé des maisons de santé, on est passé de 1.000 à 1.900 en quatre ans.
[...]
Ça marche, on a libéré l’équivalent de 45.000 places pour des patients, grâce à ce dispositif, en deux-trois ans".
Franck Petit : "Vous parlez des maisons de santé. En Creuse, certaines de ces maisons de santé ont été construites, mais on n’arrive pas à y mettre des médecins ? ".
Emmanuel Macron : "Parce qu’il faut développer ce que je suis en train de dire, c’est-à-dire trouver les équipes de médecins.
C’est pour cela que ce sont à chaque fois des projets.
[...]
Ce qui ressort de la discussion que nous venons d’avoir, avec des étudiants, des formateurs, des médecins, à l’hôpital comme à la ville, de la Région, c’est qu’au fond, il faut aller chercher le étudiants de médecine dès le début de leur internat, et de leur proposer un parcours et un projet.
Et si on leur propose dès le début, ils peuvent construire leur internat, venir faire un ou plusieurs semestres.
Quand on est médecin, c’est sa vie entière que l’on va passer à cet endroit, c’est la vie de sa compagne ou de son compagnon, ça va être la vie de ses enfants.
Et ce projet-là, il faut le construire avec les hôpitaux, les autres professionnels de santé qui sont là, et les élus.
[...]
Donc voilà : plus d’incitations, le faire plus tôt, et d’avoir des mécanismes qui soient un peu plus efficaces qu’aujourd’hui".
Agriculture et jeunes
Franck Petit : " Un peu plus tôt, vous avez également rencontré des jeunes, au lycée d’Ahun. Je vous cite simplement la phrase de l’un d’entre eux : « L’agriculture est l’un des seuls métiers qui ne fixe pas ses coûts, ni ses prix de ventes. ». C’est un vrai problème ici en Creuse, où l’on a 25% d’exploitations en moins en dix ans. Les éleveurs n’arrivent plus à gagner leur vie"
Emmanuel Macron : " Alors c’est là aussi un sujet, qui au fond depuis le début des années 2000, est sur la table.
Nous avons tous considéré pendant trop d’années que se nourrir n’avait pas de valeur, parce que cela n’avait pas de prix.
Et donc nos agriculteurs, il ne faut pas simplement les protéger, il faut les aider à bien faire leur travail, ce qu’ils font, et qu’ils soient justement rémunérés de ce travail par la fixation des prix.
Dès 2017, on a mis en place des États-Généraux de l’alimentation, qui ont donné lieu à une première loi : Égalim.
[...]
Cette loi, il a été établi ensuite qu’elle n’était pas suffisante.
Et donc on vient de passer une nouvelle loi, appelée Égalim 2, qui cette fois-ci change la logique.
[...]
Elle dit c’est dans le dialogue entre le producteur, c’est-à-dire l’agriculteur, et le transformateur, que un prix est fixé, dans lequel le producteur peut donner son coût.
Et ce prix, il est opposable au distributeur.
Et donc pour la première fois les négociations commerciales, qui ont lieu en ce moment, ne se feront pas en disant on part de zéro.
[...]
De manière très concrète : cette loi, c’est un changement complet.
À côté de cela, on renforce les contrôles, et donc le moment que nous sommes en train de vivre est très important, parce que l’on ne peut plus perdre de temps.
L’objectif de cette deuxième loi, c’est que nos agriculteurs puissent vivre dignement du prix payé pour leur travail".
Alors que l’entretien se termine, le président de la République Emmanuel Macron a tenu à préciser :
" Je suis très heureux d’être parmi vous, dans ce magnifique département, et je voulais simplement en concluant, en allant retrouver un formidable centenaire qui fait la fierté de votre territoire et de la République Française, Monsieur Chandernagor, avoir un message comme j’ai eu ce matin pour nos jeunes :
Moi, j’entends beaucoup de discours qui sont très négatifs, sur nos territoires ruraux.
[...]
Mais il y a de formidables atouts. De formidables atouts !
J’ai vu des jeunes qui m’ont parlé de sport, de culture…
Et nous sommes en train de réinventer notre pays, en sortie de crise.
Nous sommes en train de réindustrialiser la France.
[...]
On est en train d’équiper le pays tout entier, avec du haut-débit, avec de l’Internet mobile.
[...]
On est en train de réinventer notre agriculture.
[...]
On est en train de bâtir une filière bois.
Il y a plein de projets qui sont des projets d’avenir.
Et je veux avoir un message pour tous vos jeunes téléspectateurs : c’est cette jeunesse qui fera la reconquête des ruralités, ici, en Creuse, mais dans toute la Région et dans tous nos territoires, qu’on a souvent stigmatisés et vilipendés.
[...]
Ces territoires ont un atout formidable . [...] Regardez avec fierté l’endroit où vous vivez !
On va tous ensemble rebâtir des projets d’avenir".