"On a l'impression que le cauchemar ne s'arrêtera jamais" témoignent les filles d'une femme laissée pour morte, une balle dans la tête

La Cour d'Assises de la Creuse juge depuis ce lundi 23 septembre Eric Talavéra en appel. Cet homme de 65 ans a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité il y a un an. Il avait enlevé son ex-compagne en pleine nuit et l'avait laissée pour morte une balle dans la tête. L'accusé conteste la qualification de tentative d'assassinat.

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"On a l'impression que le cauchemar ne s'arrêtera jamais". C'est le cœur lourd que les deux filles de Marie-Hélène Michaud témoignent. Cette dernière est la victime d'Eric Talavéra, jugé devant la Cour d'assises de la Creuse en appel depuis ce lundi 23 septembre.

Le 13 octobre 2023, la Cour d'assises de la Haute-Vienne l'a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine incompressible de 18 ans, pour tentative d'assassinat sur cette femme rencontrée sur un site de rencontre. Le verdict soulage alors la victime et ses deux filles. Mais elles apprennent rapidement que l'accusé fait appel. C'est donc à nouveau son regard qu'elles affrontent désormais à Guéret : "on vient revivre toute l'horreur qu'il nous a fait vivre. On revient écouter à nouveau ses paroles... C'est très compliqué pour nous et pour notre mère."

Rappel des faits : "Pourquoi ?" À la barre du tribunal, le cri d'une femme gravement handicapée après une blessure par balle en pleine tête.

Dans la nuit du 1er juillet 2019, Eric Talavéra surprend Marie-Hélène Michaud à son domicile en pleine nuit, l'enlève, la frappe, l'enferme dans le coffre de sa voiture, lui tire une balle dans la tête et l'abandonne dans un chemin de terre à Boisseuil. Elle y restera inconsciente jusqu'à ce qu'un cycliste la découvre par hasard le lendemain en fin de matinée. Ce dernier a témoigné ce mardi après-midi devant la cour : "je découvre la dame, pleine de sang à la tête et sur tout le corps, la bouche ouverte, les yeux fermés. Pour moi, elle est morte. Mais je lui parle, je ne réalise pas ce que je vois, j'appelle les secours. Les pompiers m'ont dit qu'à une heure près, elle était morte".

"A une heure près, elle était morte"

Toujours en vie, la victime est aujourd'hui lourdement handicapée et dépendante de ses filles : "même si elle veut rester forte et présente, on la sent diminuée, moralement et physiquement.", admettent les filles de Marie-Hélène Michaud. "Son état de santé se dégrade constamment et très vite. Elle demande à mourir, on aimerait vivre ses derniers instants avec elle et laisser tout ça derrière nous, que le cauchemar s'arrête". 

Mais Eric Talavéra en a décidé autrement en faisant appel de la décision ; il conteste toute intention de tuer. Il voulait "seulement tirer à côté, pour lui faire peur" selon lui. Son avocate, Juliette Magne-Gandois, complète : "la version d'Eric Talavéra est constante : il a toujours nié avoir voulu tuer la victime, il a toujours expliqué qu'il s'agissait d'un tir accidentel, voilà la raison de son appel. Ce qu'il a toujours soutenu c'est qu'il ne la visait pas et que la victime s'est relevée, comme un ressort, au dernier moment. La balle serait entrée dans sa tête à ce moment-là".

La défense espère que la tentative d'assassinat soit requalifiée en violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente.

On a le sentiment qu'il tire un certain plaisir à avoir l'attention des jurés sur lui.

Marie Golfier-Rouy

Avocate de la victime et de sa famille

Déjà condamné pour un meurtre commis en 1991, il a passé plus de trente années derrière les barreaux dont deux condamnations pour braquage et meurtre. Marie Golfier-Rouy, avocate de la victime et de sa famille, constate : "On a le sentiment qu'il tire un certain plaisir à avoir l'attention de la cour, des jurés, des parties civiles sur lui. Il existe, alors que lorsqu'il est en détention, il n'existe pas. Il a le droit d'exercer ses droits et de contester la décision, mais est-ce qu'il pense à ce qu'il fait revivre à Mme Michaud et sa famille ? Je ne crois pas. Exercer ses droits c'est aussi parfois entendre qu'on fait encore souffrir inutilement les parties civiles". 

Le verdict de ce procès est attendu pour ce vendredi 27 septembre.

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