Passé maître dans l'art de la manipulation, le Britannique Robert Hendy-Freegard a vécu sept ans en Creuse avec sa compagne Sandra Clifton avant d'être démasqué par ses voisins. Déjà condamné par la justice britannique, il a été interpellé en 2022 après avoir heurté deux gendarmes avec sa voiture.
Deux ans après la mise en examen de Robert Hendy-Freegard, retour sur une affaire rocambolesque dont on attend désormais le procès.
Jeudi 25 août 2022, deux gendarmes creusois sont blessés alors qu’ils interviennent dans un élevage clandestin de chiens sur la commune de Vidaillat en Creuse. L’homme qui a heurté les deux militaires avec son véhicule prend la fuite. Interpellé en Belgique le 2 septembre suivant, Robert Hendy-Freegard s’avère être un escroc internationalement connu et déjà condamné. Il a même fait l’objet d’un documentaire pour Netflix intitulé le Puppetmaster (le « Maitre des marionnettes »)
Près de deux ans après sa mise en examen pour "tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique », l'émission Dimanche en Politique revient sur ce fait divers qui a bouleversé tout un village de la Creuse, désormais en attente du procès.
Annaïck Demars reçoit :
- Alix Vermande, journaliste, correspondant de l’AFP en Creuse et auteur de « La Creuse, nid d’espions » aux Editions de l'Equateur qui relate cette affaire.
- Serge Audevard, retraité, témoin et voisin de Robert Hendy-Freegard à Vidaillat en Creuse, qui est l’un des protagonistes du livre.
Morceaux choisis
Serge Audevard revient sur ce moment en 2018 où il découvre la véritable identité de son voisin : « Quand on a découvert qui c’était, on a halluciné, on est tombés de nos chaises et puis surtout, on a pensé qu’il était en train de reproduire avec Sandra Clifton ce qu’il avait fait avec une dizaine de personnes en Angleterre. On s’est dit qu’il allait lui faire suivre le même processus alors comment faire pour la sortir de là ? C’était notre interrogation à tous et ce vers quoi on a œuvré ».
Le contrôle coercitif, c'est par exemple, couper la personne de sa famille, surveiller ses dépenses, toutes ses démarches administratives, lui faire croire que le monde extérieur est un danger pour elle, ce qui fait que la personne reste recluse.
Alix Vermandejournaliste et auteur de "La Creuse, nid d'espions"
Le contrôle coercitif, une notion encore méconnue
Alix Vermande, journaliste et auteur de "La Creuse, nid d'espions", à propos de la notion de contrôle coercitif, une notion encore méconnue en France même si elle a pour la première fois été prise en compte par une juridiction française début 2024.
« Le contrôle coercitif, selon les personnes qui ont travaillé à l’élaboration d’une définition, a plusieurs aspects : on peut signaler le fait de couper la personne de sa famille, de surveiller ses dépenses, toutes ses démarches administratives, de lui faire croire que le monde extérieur est un danger pour elle, ce qui fait que la personne reste recluse. C’est vraiment toute une violence psychologique que l’on ne voit pas. C’est difficile de le caractériser. La première fois où il y a trace d’un contrôle coercitif, c’est durant la Guerre de Corée : certains prisonniers subissaient cette coercition et, sans subir de traitement douloureux, ils répondaient favorablement aux demandes de leurs geôliers ».