Un permaculteur de Crozant organise des stages ouverts au grand public pour réapprendre à utiliser un outil qui a presque disparu dans nos campagnes : la faux. Une démarche militante, mais qui pousse aussi à la réflexion.
Certes, la démarche est très militante et écologiste. Mais elle ne manque pas d'intérêt et pousse à la réflexion.
Charles Mignon s'est installé à Crozant où il produit des fruits dans le cadre d'une petite entreprise agricole. Il fait de la permaculture, une méthode fondée sur l'observation des écosystèmes.
Puisqu'il travaille sur de petites surfaces, il a décidé d'utiliser une faux pour couper son herbe. Il a ainsi la satisfaction de ne pas utiliser de pétrole, et n'a pas eu à investir dans du matériel lourd.
Il a ouvert son exploitation au grand public pour réapprendre à utiliser l'outil ancestral de nos grands-parents : "Vous allez voir ce que vous coupez. S’il y a une grenouille ou un hérisson ou une limace que vous ne voulez pas tuer, vous allez pouvoir l’éviter".
En vrai, une faux, c’est plus efficace qu’une débroussailleuse, quand c’est bien entretenu, bien règlé. Ça permet d’être beaucoup plus rapide et ca fait moins de bruit et ca fait pas mal au dos.
Charles MignonPermaculteurs
Il est vrai que depuis les années 50, les agriculteurs se sont mis à faucher à l'aide d'engins agricoles qui leur coûte très cher. Il leur arrive très fréquemment de tuer le gibier réfugié dans leurs champs.
Et puis comme nous l'expliquait, Albert Borie, un agriculteur de 93 ans, dans un reportage en 2022, "les tracteurs sont arrivés dans les années 50, mais les gens n’ont pas été plus heureux pour ça. (…) On a eu l’ambition d’acheter du matériel. Mais ce n'est pas ça qui nous a permis d’aller nous coucher plus tôt, et lever plus tard. On se rend compte qu’aujourd’hui, on vit plus mal qu’autrefois, car on est toujours à la course des euros et jamais, on finit de payer nos emprunts ».
Albert Borie nous a malheureusement quittés en juin 2024 à l'âge de 95 ans.
Une formation tout public
Ouverte à tous, la formation de Charles Mignon aura désormais lieu en automne et au début de l'été.
Parmi les stagiaires, une retraitée de Mourioux-Vieilleville (23) qui ne cache pas son enthousiasme : "Mon mari ne se servait jamais de débroussailleuse. Il se servait toujours de sa faux. Et je voudrais continuer à faire la même chose. Celle-ci appartenait à mon père qui avait fait le manche."
Pour le jardin, la faux est parfaite, si on y rajoute un peu d'huile de coude. Mais évidemment, les professionnels qui possèdent de très grandes parcelles auront du mal à y revenir. Ce qui n'est pas le cas de Philippe Faron, agriculteur à Saint-Marc-à-Loubaud (23). Il fait pousser des myrtilles et est, lui aussi, très militant : "Je me suis rendu compte que sur ce type d'exploitation, je pouvais travailler sans pétrole".