Sécheresse en Creuse : des aides pour les cultures maraîchères

La sécheresse en Creuse en 2019 avait durement touché les cultures maraîchères. Les exploitants pourront obtenir des aides, sous conditions, 60 000 euros d’indemnisations accordés par le fonds de gestion des calamités agricoles.
 

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Ça ne remplacera pas ni la production perdue, ni le travail fourni, mais les maraîchers creusois vont pouvoir faire des demandes d’aides pour la sécheresse subie en 2019. A l’exclusion de la commune de Vareilles, les maraîchers installés en Creuse sont éligibles aux indemnités du fonds de gestion des calamités agricoles.

Dans un communiqué, la préfecture de la Creuse précise que le département "bénéficiera d’une enveloppe estimée à 62 780 euros d’euros"
"Les exploitants déjà connus de l’administration recevront par courrier individuel les formulaires de déclaration. Tout autre exploitant  pourra prendre contact avec le service économie agricole de la Direction départementale des territoires (DDT) de la Creuse (05 55 61 20 60) ou se connecter sur le site de la préfecture

Les services de l’Etat incitent les producteurs de légumes à remplir ces formulaires, car certains maraichers, estimant de pas rentrer dans les systèmes d’attribution, ne font pas forcément de demande. Les cultures sous abri et les cultures en plein champ sont toutes les deux concernées.
 

  • Jérémie Lasfont, maraicher bio, La ferme du Ponty - Saint-Dizier-la-Tour
Je n’étais pas au courant, je savais qu’il y avait des aides demandées, mais pas qu’il y avait quelque chose, après est-ce qu’on y aura droit ? Et puis quémander de la prime, ce n’est pas notre truc, on préfère vendre mieux nos produits.

La sécheresse de l’année dernière a été terrible, on a même réussi à faire crever des topinambours !

Heureusement, on a d’autres parcelles dans le Puy de Dôme, au Sancy, parce que sur la Creuse, en 2019 on a carrément passé un coup de broyeur sur le site.On avait mis des pommes de terres, des topinambours, des cucurbitacées sur du foin, normalement c’est assez résilient, mais là, pas assez.

En 2018, j’ai en eu qui faisait 15 kilos, en 2019 ça faisait 1 kilo ! Sans eau, les légumes stressent, ils se mettent en sécurité. Ça monte en graine, et c’est fini. La croissance des légumes, c’est très court, 120 jours, s’il n’y a pas assez d’eau, c’est tout de suite la catastrophe.

Cette année, on n’a pas pu s’équiper pour assurer un stockage d’eau, et on ne va rien planter en Creuse, je n’ai pas envie de prendre le risque d’une autre sécheresse, alors on fera des céréales d’hiver.

 
  • Alain Bessege – maraîcher bio - Ajain

Je savais qu’il y avait une demande qui avait été faite par rapport à cette sécheresse mais je ne savais pas qu’il y avait effectivement des aides qui avaient été débloquées. C’est peut-être parce que je ne suis adhérent à rien, à aucun groupement syndical et je n’étais même pas au courant.

Moi en 2019  j’ai eu de la perte, tout ce qui était chou, chou-fleur, choux de Bruxelles les brocolis, toute cette récolte-là a été perdue. Je n’étais pas équipé en arrosage donc j’ai perdu toutes ces productions d’automne.

Je produis, je vends tout en direct, et je vis avec ce que je produis. J’ai perdu 35 % de mon chiffre d’affaires.  Je suis sur des légumes locaux, je fais des petits pois, des haricots verts, de la pomme de terre, là en ce moment, je suis en plein dans la fraise, je fais les légumes de saison et je suis donc aussi à la merci des saisons.

Tout ce que j’ai gagné comme argent, je l’ai investi dans un système d’arrosage parce que deux années de suite, j’ai subi la sécheresse, j’ai perdu de la marchandise, alors j’ai compris !


Cette année je suis au point au niveau de l’arrosage, avec des réserves d’eau et puis j’ai installé  un système d’irrigation automatique. L’année dernière, j’ai passé la moitié de mes nuits à arroser car j’ai voulu sauver mes tomates, j’ai voulu sauver certains légumes

Il faut être réaliste si vous voulez faire maraîcher, sans point d’eau, et bien il ne faut pas le faire ! Quand je me suis installé, la première chose que j’ai faite, c’est d’installer un point d’eau, sauf qu’il n’était pas assez conséquent par rapport à une sécheresse comme celle de l’année dernière maintenant j’ai 6000 m3 de réserve
 

Le déconfinement vu par Alain Bessege 
"J’ai ma clientèle, c’est du bouche-à-oreille, mais avec le coronavirus, avec le confinement, j’ai eu beaucoup plus de demandes. Pour mon 1er marché de déconfinement, j’étais sur Gouzon, et là, hormis les clients fidèles il n’y avait plus personne, c’était flagrant.

J’avais pris un petit peu plus parce que je me suis dit "les gens vont sortir", alors oui ils sont sortis, mais pour aller plutôt j’imagine dans les grandes surfaces, pas pour aller sur les petits marchés. On est plusieurs à l’avoir constaté, comme la marchande de fromages de chèvres, pareil, les clients, elle ne les a pas vus."
 
  • Christian Arvis – Secrétaire général de la FDSEA 23, éleveur à Saint-Frion

C’est quelque chose qui va être mis en place assez rapidement cette nouvelle aide pour les maraîchers c’est une bonne chose. On a toujours revendiqué pour que toutes les productions soient reconnues au titre de la calamité sécheresse.

Évidemment en Creuse pour plus de 90 % des exploitations agricoles, il s’agit d’élevage, mais il n’y a pas que ça, et les producteurs maraîchers souffrent autant de la sécheresse que les éleveurs.

C’est un soutien, et les chiffres ne sont pas comparables, mais ce qui est pareil, pour l’élevage ou le maraîchage, c'est que ces aides, ça ne représente qu’une partie des pertes. Nous on estime, au niveau élevage, que c’est seulement 20% des pertes totales.

Pour les aides à l’élevage, on est resté sur la décision du 18 décembre avec 37 communes qui n’ont pas été reconnues au titre de la calamité agricole pour la sécheresse 2019, ce sont les communes situées sur tout le croissant qui jouxte la Haute-Vienne. Les aides ont été versées, il y a eu le solde au 15 avril. On sait aussi qu’à peu près que 1 million d’euros n’ont pas été consommés sur les 11 895 000€ obtenus pour les 200 communes concernées. Il y a des critères et des gens exclus. C’est le cas par exemple des éleveurs laitiers. C’est ce qu’on déplore, on nous avait dit que ces choses-là allaient changer, en réalité il n’en est rien.

Cette année concernant la pluviométrie, ça reste très différent d’un secteur à l’autre. Il y a toute une partie du département qui touche le Puy-de-Dôme où c’est compliqué. Même s’il a plu, même si c’est vert et qu’il y a de l’herbe, si le temps revient au beau et au sec, ils vont revivre une autre sécheresse.

Ça paraît difficilement explicable, parce que c’est vrai,  il a plu ces jours-ci effectivement, mais quand on gratte la terre on s’aperçoit que c’est mouillé un petit peu sur le dessus mais qu’en profondeur l’humidité n’est pas si descendue que ça.

Je crois que tant qu’on ne retrouvera pas des saisons normales, avec des hivers normaux, un peu de neige, et bien on continuera de vivre des cycles comme ceux que l’on traverse actuellement, peut-être bien même en plus marqués.


 
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