Témoignages. "On mange pêche, on dort pêche" : Elise Masset, numéro 1 mondial, remet son titre en jeu pour le championnat du monde

Publié le Écrit par Sarah Boana et Camille Chignac
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Elise Masset, 30 ans, vit en Creuse où elle pratique la pêche sportive à la carpe. Pour le championnat du monde en Lettonie, du 8 au 13 juillet, elle remettra ses titres individuels et par équipe en jeu. Nous avons assisté à l'un de ses entraînements. Rencontre avec une championne du monde.

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Le défi est tant physique que mental, car aux championnats du monde, Elise Masset, accompagnée d’une coéquipière, devra pêcher de belles bêtes pendant trois jours non-stop. "Ça va être entre soixante et cent poissons sur les soixante-douze heures. Donc, ça peut être très fatigant. C'est toujours être en activité, on a très peu sommeil, comme on fait des tours de quatre heures dans la nuit. Après, c'est une pêche extrême qu'on ne vit pas forcément tous les jours", analyse la championne.

Ça va être entre soixante et cent poissons sur les soixante-douze heures. Donc, ça peut être très fatigant.

Elise Masset

championne du monde de pêche à la carpe

 

Numéro 1 mondial

Originaire du Nord, cette Néo-Creusoise de trente ans est en équipe de France depuis sa création en 2018. En six ans, Elise Masset a décroché quatre titres mondiaux : deux individuels et deux collectifs. Elle ne compte pas s'arrêter là. Alors pour l'épauler, la numéro une mondiale peut compter sur son conjoint qui n'est autre que le capitaine de l'équipe de France féminine de pêche à la carpe.

 

"Elle fait partie des femmes qui ont des qualités intéressantes, c'est la persévérance, remarque Aurélien Tétard. Après, c'est passer du temps au bord de l'eau, c'est l'apprentissage, c'est écouter les gens, en tirer les bons enseignements pour pouvoir développer notre niveau. Elle fait partie de ces femmes-là. Ce qui est malheureux, c'est qu'au niveau national, il y a beaucoup de femmes dans cet état d'esprit, mais qui ne sont pas conscientes de leurs capacités."

Ce qui est malheureux, c'est qu'au niveau national, il y a beaucoup de femmes dans cet état d'esprit, mais qui ne sont pas conscientes de leurs capacités.

Aurélien Tétard

capitaine de l'équipe de France féminine de pêche à la carpe

Une passion familiale

Quand une passion commune devient une passion tout court, cela donne de petits trésors. Leur fille, Lila, un an, fréquente les bords des lacs et des étangs depuis qu'elle est tout bébé, car la pêche rythme le quotidien de cette famille. "Il y a un investissement personnel impressionnant, confie Elise Masset. Donc, à la maison, on mange pêche, on dort pêche, il y a de la pêche partout. Et, tout le temps libre qu'on peut avoir, si on n'est pas au bord de l'eau, c'est de la préparation pour les filles ou pour les entraînements."

L'un des combats du couple est de montrer que les femmes peuvent concilier vie de famille, vie professionnelle et le sport de haut niveau. Les pêcheuses à la carpe se font encore trop rares en France.

Un milieu encore fermé aux femmes 

"La grosse différence, c'est quand on va à la pêche au coup, c'est une journée. La pêche à la carpe, c'est sur deux, trois, quatre jours. Il y a ce problème qu'on ne connaît pas, parce qu'on a toujours emmené notre fille au bord de l'eau, tout le temps. Mais, le problème de qui garde les enfants, c'est une image, mais c'est la réalité du monde d'aujourd'hui", regrette Aurélien Tétard.

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Elise Masset, 30 ans, vit en Creuse où elle pratique la pêche sportive à la carpe. Pour le championnat du monde en Lettonie, du 8 au 13 juillet, elle remettra ses titres individuels, par équipe en jeu. Nous avons assisté à l'un de ses entraînements. Rencontre avec une championne du monde. ©Camille Chignac, Margaux Blanloeil

C'est notre rôle à nous d'aller vers les autres et d'essayer de leur montrer qu'elles en sont capables.

Elise Masset

championne du monde de pêche à la carpe

La championne espère voir plus de femmes canne à pêche à la main. "C'est encore un monde macho, beaucoup même. On a beaucoup de retard. Il y a une sensibilisation à faire, explique-t-elle. On essaye de trouver la bonne, mais c'est vrai que c'est compliqué. Donc, c'est notre rôle, à nous, d'aller vers les autres et d'essayer de leur montrer qu'elles en sont capables." 

Défendre son titre

Des enjeux de société à défendre et un palmarès à étoffer, en Lettonie, Elise et l’équipe de France affronteront dix autres nations avec la ferme volonté de conserver leurs couronnes mondiales.

"On est des compétitrices. Je pense que la France est une bonne nation au niveau des techniques de pêches. Donc, là, le tout c'est de prouver qu'on peut toujours être les meilleures", assure la championne.

Et pour y parvenir, Elise Masset peut compter sur sa détermination et une passion encore plus grande que les carpes qu’elle pêche avec talent. 

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