Dauphins: des scientifiques proposent de nouvelles mesures de protection dans le Golfe de Gascogne

Un comité de scientifiques a répondu à l'appel de plusieurs ONG alertant sur la prise accidentelle de dauphins sur la côte Atlantique française. Fermeture annuelle et baisse de l'activité pour les pêcheurs afin de sauvegarder ce mammifère protégé, ils en appellent à la Commission Européenne. 

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Cette fois, le cri d'alerte a été entendu. Ces derniers mois, 26 ONG européennes se sont mobilisées pour dire stop au massacre des dauphins dans le Golfe de Gascogne et la mer Baltique. Le CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer), un collectif composé de 1 500 scientifiques, leur a donné raison mardi 26 mai en publiant un rapport sur l'urgence des mesures à adopter pour réduire le taux de mortalité de ces mammifères protégés, victimes collatérales de la pêche.

Une explosion de la mortalité

Empêtrés dans des filets de pêche ou échoués sur les plages, l'urgence est là puisque selon l'observatoire Pelagis situé à La Rochelle, 11 500 dauphins ont été retrouvés morts dans le Golfe de Gascogne au cours de l'hiver 2019.

La situation des échouages de dauphins causés par la pêche est particulièrement critique depuis 2016

En cause principale, la pêche. "Les prises de pêche non désirées "bycatch" de mammifères marins sont la plus grande source directe de leur mortalité dans le monde", explique le rapport Pelagis. Après autopsie, les scientifiques s'accordent à dire que dans 90% des cas, les dauphins retrouvés portent des marques liées à une capture par filet. 

Considérées comme des victimes accidentelles de la pêche aux poissons, aucune mesure efficace n'a été mise en place pour empêcher l'hécatombe de cette espèce, le delphinus delphis (dauphin commun), pourtant protégée. "Ce ne sont pas des accidents! Les pêcheurs savent qu'ils en attrapent dans leurs filets. Ce sont des victimes collatérales de l'activité", précise Olivier Le Gall, délégue LPO en Nouvelle-Aquitaine.

Les scientifiques relaient l'alerte auprès de la Commission Européenne

En février dernier, le commissaire européen à l'Environnement Virginijus Sinkevicius s'était emparé du dossier jugeant la situation "inacceptable" et a demandé "une mise à jour urgente" au CIEM d'effectuer un rapport précisant les mesures à prendre: deux périodes de fermetures temporaires des lieux de pêches concernés entre décembre et mars puis l'été (juillet et août) afin de "réduire significativement les prises accidentelles de dauphins" ainsi que la mise en place de dérogations pour une fermeture systématique des espaces identifiés lors des pics de mortalité. 

Le Conseil ajoute également que les bâteaux de pêche devront être davantage équipés pour limiter la prise des dauphins pendant les périodes d'activité. Des appareils de surveillance devraient être rendus obligatoires pour permettre une plus forte réactivité à bord lors des prises de pêche et l'usage ponctuel de "pingers" (répulsifs acoustiques) est recommandé. Enfin, les scientifiques en appelle à une baisse drastique de 40% de l'effort de pêche dans les secteurs concernés. 
Si certains de ces équipements sont déjà présents sur certains navires, leur utilisation n'est systématique et pour Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, elle doit concerner tous les navires: "les gros chalutiers doivent s'équiper mais les petits fileyeurs aussi! Ces petits bâteaux de 12m sont extrêmement nombreux dans le Golfe et ils capturent tous des dauphins dans leurs filets quand ils sortent. Un plus un plus encore un autre, l'addition est catastrophique!". Pour elle, le déni est collectif.

Il y a une déresponsabilisation globale, aussi bien du côté des professionnels qui sous-estiment l'impact de leurs méthodes de pêche, que chez les consommateurs. En 50 ans, la consommation de poisson a doublé !

L'association France Nature Environnement a salué un avis "historique" du CIEM: "la France doit maintenant montrer l'exemple en mettant rapidement en oeuvre les fermetures des pêches concernées, dès l'hiver prochain, de décembre à fin avril, tout en renforçant les contrôles dans les zones à risque", a annoncé Elodie Martinie-Cousty, responsable Océans. Les scientifiques rappellent en effet que les mesures doivent être prises collectivement, à l'échelle des pays membres concernés, afin d'éviter de déplacer le problème.  A ce jour, un recours a été déposé auprès de la Commission Européenne contre la France pour qu'elles respecte ses engagements en terme de préservation de sa biodiversité marine. Néanmoins, l'ensemble des ONG et des associations impliquées rappellent que de telles mesures doivent être appliquées certes dans l'urgence mais un suivi et un contrôle sur le long terme sont évidemment indispensables pour empêcher une extinction de l'espèce. 
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