Voilà presque 8 semaines que nous sommes tous confinés. Sans obligation sociale, fini le diktat du tout beau, tout lisse, tout glabre. On ne se rase plus, on ne s'épile plus. La Yéti attitude, ça va tant qu'on est chez soi mais le 11 mai c'est lundi. Alors, on fait quoi ?
Si le 11 mai la réouverture est actée pour les coiffeurs, les salons de manucure et les instituts de beauté, cela ne se fera pas sans conditions particulières.
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— Beaupère Paul (@BeauperePaul) April 29, 2020
Nathalie Camarasa, esthéticienne et kynéplasticienne à Bordeaux-caudéran a anticipé la réouverture de son institut.
J'ai déjà acheté tout le matériel pour rouvrir le 11 mai
Paréos jetables, gels hydroalcooliques, masques, gants et même une visière pour travailler, Nathalie, comme toutes les esthéticiennes qui s'apprêtent à relancer leur activité, veut pouvoir s'occuper de ses clientes en toute sécurité, dans le respect des gestes barrières.
Une ruée attendue partout en France
Il paraît que 59% des français ont annoncé que leur première sortie serait pour le coiffeur et le salon d'esthétique.Beaucoup ont déjà réservé leur rendez-vous à l'annonce du déconfinement partiel, par crainte d’une ruée massive vers les instituts de beauté.
Et pour cause, les sites qui proposent des prises de réservations en ligne, affichent « complet ».
L'autre effet du confinement : arrêter la guerre du poil
De nombreuses femmes rapportent des bienfaits visibles sur leur peau lorsqu’elles ont cessé de se raser et de s'épiler. Les coupures et les éruptions cutanées font alors partie du passé.Le confinement nous pousserait-il à mettre au placard rasoir et autres cires dépilatoires ?
Une peau plus douce et moins sèche car elle n’est plus soumise au feu du rasoir, c'est ce que les femmes ont constaté. Un changement qui ne s'est pas vu tout de suite mais qui est commun à nombreuses d’entre elles.
Quelques chiffres qui piquent un peu
Nous avons environ, 4 millions de poils sur notre corps et 1 million sur notre tête. C'est énorme !Chaque année, 12 000 tonnes de poils disparaissent de notre corps.
Les jeunes filles sont 92% à déclarer s’épiler... comme près d’un homme de moins de 35 ans sur deux.
Il semblerait en plus que nous consacrions 1320 heures de notre vie à nous épiler !
Alors, après ces quelques semaines de liberté octroyées à notre pilosité naturelle, une question se pose : Pourquoi nous imposons-nous une telle contrainte ? Depuis quand a-t-on décrété que la norme c'est le glabre ?
L'épilation, un sujet épineux
On l'a compris, le fait de s'épiler les jambes ou l'aisselle ne va pas de soi. C'est quelque chose qui s'est construit. Une injonction massive profondément ancrée dans notre histoire.Même sans le confinement, nombreuses sont celles qui prônent un retour au naturel, face à la pression de la société, ou les diktats imposés. Bien entendu, ce n'est pas un mouvement totalement nouveau, mais on est obligé de constater qu’il prend de l’ampleur et acquiert une certaine force via les réseaux sociaux.
Les poils, ces indésirables en matière d'art
Depuis l'antiquité et jusqu'à Frida Kahlo, on ne peut pas dire que la représentation de la femme dans l'art ait beaucoup aidé à considérer le poil comme esthétique. Et ce n'est pas la vénus de Botticelli qui va nous dire le contraire.Presque quatre siècles plus tard lorsqu'Eugène Delacroix présenta au public son chef d'oeuvre " La liberté guidant le peuple" en hommage à la révolution des trois glorieuses, devinez ce qui a dérangé le public ?
Et ne parlons pas de "l'origine du monde", c'est carrément "Gazon maudit !" Le tableau de Gustave Courbet qui, au départ, n'était pas destiné au public est certainement l'une des oeuvres les plus célèbres et les plus sulfureuses jamais réalisée.
Pourquoi les poils nous dégoûtent-ils autant ?
Si l'on en croit les psychologues qui se sont penchés sur la question, le poil est associé à la virilité, l'animalité et à la sexualité débridée, alors que l'épilation est synonyme de pureté, d'hygyène et donc, est censé nous distinguer de la "bête" qui sommeille en nous. C'est fou, non ?Merci d'être velues
La vision que l'on a de la pilosité féminine selon les pays est assez surprenante et pleine de préjugés : Les américains pensent que les françaises sont les plus poilues, les anglais se moquent des allemandes pour les mêmes raisons et les français ont décrété que c'était les portugaises !À l’inverse, en Inde et dans certains pays d’Afrique, les poils pubiens ont un aspect érotique et sont considérés comme un attribut de séduction.
En fait, l'épilation est surtout une pratique culturelle et sociale évoluant avec les parties du corps que nous avons dévoilé au fil du temps . Aujourd'hui, tricophiles ou tricophobe c'est d'abord une question de goût.
L'auteure et blogueuse Klaire fait grrr pose la question avec humour dans son livre sorti en 2015, "Au poil".
C'est dingue combien ces brins de kératine ont déchainé des passions
Une contrainte dont on est venu à croire que c'était une pratique naturelle et en fait, non.Le déconfinement c'est le 11 mai et nous avons le choix : Soit, nous laissons le vent continuer de bruisser sur nos jambes et nos aisselles en souriant béatement, soit nous nous précipitons chez notre esthéticienne pour une épilation intégrale en répondant à la fameuse injonction du "summer body" ?
Sérieusement... On fait quoi ?