Cinq jours après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, Bressuire a connu sa première nuit de violences. La gendarmerie a été attaquée à coups de cocktails molotov, une femme a été molestée par des casseurs.
Les images sont glaçantes. Elles ont été filmées par une caméra de vidéosurveillance dans le centre-ville de Bressuire dans les Deux-Sèvres. Un commerçant nous les a confiées, après les heurts survenus dans la nuit de samedi à dimanche.
Il est minuit passé, on y voit une femme seule dans la rue. Elle ne semble pas trop savoir où elle va. Elle fixe quelque chose qui arrive vers elle. Soudain, une dizaine d'individus passe à ses côtés. Ils sont cagoulés et vêtus de noir. Ils marchent rapidement et ne semblent même pas la voir.
Ils renversent un gros pot de fleurs, puis un deuxième avant de s'attaquer à une vitrine à coups de pied et de s'éloigner. La femme les regarde un peu interloquée. Alors qu'elle attrape son téléphone dans son sac, l'un des hommes fait demi-tour.
"Elle a volé par terre"
La suite, c'est le commerçant qui la raconte : "Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Ils n'ont pas hésité, ils l'ont jetée par terre, elle a volé par terre, son téléphone a volé jusqu'au banc (NDLR : situé à quelques mètres)." La femme finit par se relever.
La même nuit, plusieurs boutiques sont vandalisées et pillées. Une trentaine d'individus s'en prennent également à la caserne de gendarmerie. "On a reçu des cocktails Molotov, des pierres, des bouteilles, des canettes de bière sur les véhicules de familles de la caserne. L'un des cocktails Molotov a commencé à s'enflammer sous un véhicule, mais ça a été rapidement éteint" raconte le commandant du groupement, Laurent Fumoleau.
Un cap franchi
Des scènes de violences peu habituelles dans cette ville de 20 000 habitants. "Il n'y a rien qui justifie qu'on s'en prenne à des commerces, à une ville tranquille où les gens vivent ensemble, se désole la maire Emmanuelle Mesnard, on avait le festival des arts de la rue ce week-end, tout allait bien, c'était familial."
Pour le colonel Ludovic Vestieu, à la tête des gendarmes des Deux-Sèvres, un cap a indubitablement été franchi la nuit dernière. "S'attaquer à une gendarmerie, ce n'est pas simplement s'attaquer à des bâtiments. C'est s'attaquer au symbole de l'État, aux personnes qui incarnent cet État, à la fois aux militaires et à leurs familles. Cela indique l'extrême gravité de la période."
Reportage d'Alain Darrigrand et Cyril Paquier