Eoliennes : un maire des Deux-Sèvres lance une pétition "pour arrêter le massacre"

Yves Attou, maire de Saint-Christophe sur Roc, vient de recueillir plus de 15.000 signatures dans une pétition adressée au préfet des Deux-Sèvres. Il demande "de refuser toute nouvelle implantation ou toute extension de parcs éoliens dans le département".

"Je suis social-écolo" ; Yves Attou, par ailleurs candidat aux élections départementales, ne cache pas son étiquette politique. Cet ancien conseiller ministériel, président de l'association des maires ruraux des Deux-Sèvres est aussi vice-président à la transition écologique de Val de Gâtine, sa communauté de communes. Une fibre écologique assumée donc et qui, selon lui, n'est pas antinomique avec le lancement de cette pétition

"Nous, on pense que ça n’a rien à voir avec l’écologie", explique l'édile, "c’est une destruction des paysages, ça ne fournit de l’énergie que 25 % du temps, c’est contre-productif. D’ailleurs, selon nous, les porteurs de projets se basent plus sur une logique financière qu’écologique. On va demander une audience au préfet pour lui demander d’arrêter toute installation".

"Nous", ce sont les quelque 15.200 personnes qui, en moins de 48 heures, ont signé l'appel du maire de Saint-Christophe. "Je ne m’y attendais pas. Il y a un réel mécontentement général. Dans les Deux-Sèvres, le département le plus doté de Nouvelle-Aquitaine, on est saturé. Il y en a trois sur la commune voisine mais forcément c’est à la frontière de Saint-Christophe. Eux empochent les dividendes et nous on a les nuisances, comme dans beaucoup d’endroits. Mais il y a un vrai vent de révolte. Quand il y en a trop, il y en a trop ! Faut arrêter le massacre".

De fait, un simple coup d'oeil sur cette carte des services préfectoraux (sans parler des différences de traitement en Nouvelle-Aquitaine et en Gironde en particulier...) permet de se faire une idée. En décembre 2019, le département comptait 165 éoliennes en service, 71 autorisées et 72 en instruction. Jean-Louis Butré, président de l'association "Vent du Bocage", est également président de la Fédération Environnement Durable qui regroupe quelque 1.650 collectifs en lutte contre "l'éolien industriel" en France. 

"J’ai été plusieurs fois auditionné pas les parlementaires", explique le militant de Rouillé dans la Vienne, "à chaque fois, je leur ai signalé le ras le bol latent de gens qui n’ont pas souvent l’occasion de s’exprimer et qui subissent, parce que ce n’est pas toujours facile de marquer une opposition dans un village face à une mairie. Et ce qu’on constate, c’est une montée en puissance colossale du mécontentement en France. Autour de Rouillé, il y a 88 machines qui se présentent. Il y a onze promoteurs qui écument le territoire et on est sous la coupe de ses affairistes qui ont un marketing très agressif".

"Je ne suis pas le seul, il y a beaucoup d’autres initiatives au niveau national" ; il apparait effectivement étrange que ce soit un élu qui soit à l'origine de cette initiative, surtout en période pré-électorale. Mais, là encore, Guy Attou assume : "Au contraire, c’est un moment propice pour faire des propositions. Et, de toute façon, ce n’est pas très clivant et tous les candidats sont à peu près d’accord. Ça fait consensus".

Des élections que comptent bien utiliser les associations pour faire avancer leurs revendications. "On est en train de lancer une vaste action pour les élections", confirme Jean-Louis Butré, "il va falloir que tous les candidats se positionnent et on rendra publiques leurs réponses. Il y a un moment où ça suffit. On écoute les promoteurs depuis des années et les citoyens n’ont plus le droit de se défendre. Alors forcément, ils se révoltent".

 Au 31 mars 2020, le parc éolien français comptait 1.963 installations raccordées au réseau qui produisaient 10,8 % de la consommation électrique française.

 

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