Le 30 janvier dernier, l’agriculteur Paul François, a été violemment agressé à son domicile de Bernac, en Charente. Deux semaines après les faits, les députés de Gironde Loïc Prud'homme et Nicolas Thierry interpellent les membres du gouvernement : quels moyens vont être mobilisés pour mener l'enquête et comment mieux protéger les lanceurs d'alerte ?
Les débats ont été une nouvelle fois houleux ce mardi 14 février à l'Assemblée Nationale. Pour cause, l'agression de l'agriculteur charentais, Paul François, a fait l'objet de deux questions.
Des agresseurs qualifiés de "phyto-terroristes"
"Monsieur le ministre, vous avez mis moins de trois heures pour traiter des manifestants d’éco-terroristes, combien d’heures mettrez-vous pour qualifier de phyto-terroristes ces fanatiques pro-Monsanto prêts à tout pour faire taire les lanceurs d’alerte ?", argue Loïc Prud'homme, député de Gironde La France Insoumise - NUPES, s'adressant au ministre de l'Intérieur.
Question qui a immédiatement fait réagir l'hémicycle. Pour cause, avec cette question, Loïc Prud'homme fait bien évidemment référence aux propos tenus par le Ministre de l'Intérieur, en octobre 2022, à l'encontre des manifestants de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Propos qui avait à l'époque fait beaucoup réagir.
"Monsieur le député, je crois que chacun verra que quand vous posez une question qui méritait amplement d’être posée, vu la gravité de la situation, et que la réponse du gouvernement est constructive, vous n’empêchez pas la polémique", répond Gérald Darmanin.
Agression extrêmement violente
Quelques minutes plus tôt, le député interpellait Gérald Darmanin au sujet de l'enquête qui concerne l'agression de l'agriculteur charentais Paul François.
"Allez-vous mobiliser les mêmes moyens que vous avez mobilisés à l’encontre des opposants au projet des bassines, pour remettre à la justice les trois personnes qui ont agressé Paul François ?", interrogeait-il.
Le 30 janvier dernier, alors qu’il rentrait son véhicule dans le garage de son domicile charentais, Paul François a violemment été agressé. Trois hommes cagoulés l’ont capturé, puis lui ont ficelé les jambes et les bras avec des liens ressemblant à des câbles électriques qu’ils avaient avec eux, sans lui laisser le temps de réagir.
Ses agresseurs lui ont pris son écharpe, l'ont enroulée autour de son cou, puis ont bloqué son extrémité dans la portière arrière de son véhicule afin de l'immobiliser puis de le menacer avec un couteau sous la gorge. Une agression d'une extrême violence.
Paul François symbole de la lutte contre Monsanto
"La justice a confié à la brigade de recherche de Confolens, sous l’autorité du parquet d’Angoulême, la recherche de ses agresseurs. Il appartient à l’autorité judiciaire de mener les enquêtes et de saisir les moyens de police et de gendarmerie qu’il souhaite. Par ailleurs, les patrouilles autour de son domicile ont été accentuées", commente Gérald Darmanin.
Quelques minutes plus tard, Nicolas Thierry, député écologiste - NUPES de Gironde, interpelle à son tour, cette fois-ci, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
"Le combat de Paul François est connu depuis longtemps, quels moyens le ministère de l’Intérieur va engager dans la durée pour assurer sa sécurité et au-delà de ce cas, comment entendez-vous assurer tous les lanceurs d’alerte et les préserver de toute tentative d’intimidation ?", questionne-t-il.
Intoxiqué à l'herbicide Lasso en 2004, Paul François est LE symbole de la lutte contre Monsanto.
"Les moyens de police sont à disposition, la justice est saisie. Comme pour toutes les enquêtes, il n’y a pas de tri. Pour lui comme pour les autres, diligence sera faite par les moyens de police et les moyens de justice pour que personne ne soit intimidé, violenté à raison de ses opinions", argumente Marc Fesneau.
Après des années de combat, la responsabilité de Bayer-Monsanto dans l'intoxication de l'agriculteur avait été confirmée en octobre 2020 par la Cour de cassation.
Pour rappel, le 8 décembre dernier, le tribunal judiciaire de Lyon a condamné Bayer, ex-Monsanto, à indemniser Paul François à hauteur de 11 135 euros. L'agriculteur céréalier réclamait lui 1,2 million d'euros.