L'année 2019 s'annonce parfois catastrophique ou pour le moins mauvaise pour les apiculteurs. En Poitou-Charentes, la production de miel a fortement chuté. Au banc des accusés : les conditions météorologiques avec un printemps pluvieux et un été caniculaire mais aussi les pesticides.
Les apiculteurs du Poitou-Charentes ne sont pas les plus touchés, d'autres régions en France sont encore plus concernées par la baisse de production de miel mais l'année s'annonce tout de même très morose pour eux. Ils estiment leur perte de production à 20% en moyenne. La situation est tout de même très inégale selon la situation des ruchers.
Les abeilles nourries avec du sirop
Les causes de cette baisse de la production de miel sont multiples. Première explication : les conditions météorologiques avec un printemps pluvieux et froid puis les canicules de cet été ont beaucoup fait souffrir la végétation, privant du même coup les abeilles de nourriture.Les abeilles ne trouvaient rien à butiner et pour éviter qu'elles ne meurent de nombreux apiculteurs ont dû les nourrir avec du sirop à la fin du printemps. C'est la cas de Sébastien Pommier, un jeune apiculteur installé à Prahecq dans les Deux-Sèvres qui a donné du sirop de betterave à ses abeilles dans les ruches pour les nourrir. Il a tout de même perdu 15% de ses colonies d'abeille cette année.
Aléas météorologiques et pesticides
Les bouleversements climatiques ont un impact négatif important mais ils n'expliquent pas à eux-seuls, l'importance de la baisse de production. Les pesticides et notamment les néonicotinoïdes, pourtant interdits en France à l'heure actuelle, causent, on le sait, des ravages dans les colonies d'abeilles. C'est ce que nous explique un autre apiculteur des Deux-Sèvres, Daniel Gauthier qui est installé à Couthières."Bien sûr, la canicule a eu un effet. Les végétaux ont beaucoup souffert à cause des écarts de températures extrêmement importants entre juin et juillet mais principalement ce sont des causes autres. On est toujours sur le problème d'intoxication avec des molécules imidacloprides ( pesticides de la famille des néonicotinoïdes NDLR) qui sont toujours bien présentes par leur rémanence même si elles sont interdites depuis septembre 2018" nous explique-t-il.
Les apiculteurs craignent que l’interdiction des néonicotinoïdes décidée par la france ne soit remise en cause. Dans un communiqué, l’Union Nationale de l’Apiculture Française estime cette interdiction toujours menacée par le "lobby des pesticides". Elle explique que "les promoteurs des pesticides et des producteurs de maïs, de blé et de betteraves ont déposé un recours pour obtenir l'interdiction de cette annulation. A la suite de ce recours, le Conseil d’Etat a demandé à la Cour de Justice de l’Union européenne de se prononcer sur la légalité de cette décision française."
Communiqué de l’Union Nationale de l’Apiculture Française
"Rendre les abeilles plus productives"
Pour surmonter cette crise de la production, les apiculteurs cherchent à s'adapter. Certains augmentent leur nombre de ruches, d'autres se tournent vers la recherche."On est obligés d'augmenter le nombre des colonies car on fait moins de rendement. On essaie d'optimiser un maximum les abeilles pour qu'elles soient plus productives, résistantes à certaines maladies car avec la mondialisation des échanges, de nouvelles maladies sont arrivées sur le territoire donc on essaie de jouer sur la génétique qui est un facteur important." explique Jonathan Gaboulaud, animateur à l'Association de Développement des Apiculteurs (ADA).
286 apiculteurs en Poitou-Charentes
Dans les magasins, il est déjà parfois difficile aujourd'hui de trouver du miel français. Et cela pourrait devenir encore plus compliqué après cette mauvaise récolte 2019 qui pourrait aussi entraîner une hausse des prix de vente. Pourtant, les habitants de la région comme tous les Français restent de grands amateurs de miel. On en consomme 40 000 tonnes par an dans notre pays, dont à peine la moitié est produite en France.L'apiculture reste cependant encore attrayante, de nombreux jeunes s'installent et le nombre de professionnels est stable dans la région. Ils sont 286 en Poitou-Charentes et 828 sur toute la Nouvelle-Aquitaine à exploiter plus de cinquante ruches.