"C'est une situation catastrophique" : mauvaise récolte dans les champs de maïs, les agriculteurs sont inquiets

L'année 2024 va-t-elle être la pire année des agriculteurs depuis bien longtemps ? Après les mauvais rendements des cultures d'hiver, les champs de blé, d'orge, de sarrasin et même de maïs ne peuvent pas être récoltés.

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Le monde agricole est en grande souffrance. La récolte de cette année 2024 s'annonce déjà comme l'une des pires depuis plusieurs décennies. En raison des multiples épisodes de précipitations au début de l'année et de manque de soleil ces derniers mois, les récoltes se sont amenuisées et les agriculteurs sont obligés de payer pour nourrir leur bétail.

"Il y a un trop gros manque d'eau"

C'est un nouveau coup du sort pour cet agriculteur du nord des Deux-Sèvres. près le blé et le triticale, c'est la récolte du maïs non irrigué qui est menacée. "Quand on regarde l'épi, il est de petite taille. Les grains sont beaucoup trop petits par rapport à un pied de maïs normal. Même s'il arrive à grossir un peu, on aura de toute façon que du petit grain", indique Jean-François Robert, installé à Saint-Loup-Lamairé, dans les Deux-Sèvres.

Comme la majorité des cultures, les plantations tardives dues à un hiver pluvieux et à une sécheresse qui sévit depuis le début de l'été ne permettent pas aux grains de se former correctement. "Certains épis ont essayé de se former, mais il n'y a pas de grains. On ne peut rien en faire, cela fera un fourrage, mais sans qualité. Il y a un manque d'eau assez conséquent. Dès que les épis sont un peu plus serrés par rapport aux autres, on voit qu'il n'y a pas du tout d'épis. Ils ont trop souffert du sec. Pas d'épi, pas de hauteur du plant, donc pas de rendement. Normalement, il devrait être un mètre au-dessus de ma hauteur. On est au moins à 50 % de pertes au niveau du rendement."

Aujourd'hui, je donne dix kilos par tête. Forcément, cela coûte plus cher à nourrir et cela a un impact sur la trésorerie.

Jean-François Robert

Agriculteur

L'agriculteur ne pouvait pas aller dans les champs, car l'hiver a été trop humide. En conséquence, il n'a pas pu semer dans les temps. Une fois que les plants sont semés, la pluie n'a plus jamais fait son apparition. "Il y a un trop gros manque d'eau", ajoute l'agriculteur.

"Globalement, je suis vivement inquiet"

Le rendement de ce cultivateur dans le nord des Deux-Sèvres sera probablement inférieur de moitié. Pour nourrir ses 50 vaches parthenaises, l’éleveur a dû acheter un complément alimentaire. "Pour remplacer le maïs que je ne vais pas avoir, surtout en qualité, on leur donne de l'aliment complet. Il est composé de maïs, de pulpe de betteraves, de la luzerne déshydratée et des tourteaux de lin. C'est un aliment que je mets à volonté. D'habitude, je le rationne à quatre ou cinq kilos par vache. Aujourd'hui, je donne dix kilos par tête. Forcément, cela coûte plus cher à nourrir et cela a un impact sur la trésorerie."

Ma crainte est que nous allions sur une décapitalisation des cheptels. Cela se traduit par une vente d'animaux, plutôt que d'acheter du fourrage. Globalement, je suis vivement inquiet.

François Chauveau

Vice-président de la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres

Un surcoût estimé par l’agriculteur entre 12 000 et 15 000 euros qu'il risque d'assumer seul, malgré le fait qu'il ait une assurance. "J'ai pris l'assurance récolte qui, normalement, compense les pertes dues aux aléas climatiques. J'ai téléphoné à l'expert l'autre jour qui m'a dit que l'assurance n'était pas sûre de fonctionner parce que j'ai semé mes maïs trop tard. Comme si c'était ma faute... C'est une très mauvaise année", ironise Jean-François Robert.

Et il est loin d'être le seul dans ce cas. L'ensemble du monde agricole est concerné par cette problématique. Cette situation inquiète grandement, notamment le vice-président de la chambre d'agriculture du département, François Chauveau. "C'est une situation exceptionnelle qui est catastrophique dans le département. Après des répercussions d'excès d'eau à la paille ou des baisses de surfaces, on a enregistré des rendements très moyens. Nous sommes dans une période de sécheresse depuis deux mois et demi. Pour le cas du maïs, cette crise touche principalement tous les éleveurs. Ma crainte est que nous allions sur une décapitalisation des cheptels. Cela se traduit par une vente d'animaux, plutôt que d'acheter du fourrage. Globalement, je suis vivement inquiet."

Il faudrait une pluie miraculeuse dans les prochains jours pour inverser la tendance. L'agriculteur Jean-François Robert va devoir rogner sur son salaire et mettre en pause ses investissements.  

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