Ces trois dernières années, les intoxications liées à la consommation de champignons sont en forte augmentation en Nouvelle-Aquitaine. Une méconnaissance des espèces et des applications d'identification pas toujours très fiables seraient la cause de cette recrudescence d'intoxications.
"La fausse girolle, c'est un champignon très commun, souvent confondu avec la vraie girolle. Il peut déclencher des problèmes gastriques, donc c'est un champignon à jeter" Mycologue amateur, Fred Talineau sait bien que la consommation des champignons que l'on ramasse en forêt n'est pas sans risque.
Se méfier des faux amis
Chez les champignons, comme chez les animaux et les végétaux, le mimétisme est une pratique courante. Cette capacité à imiter une autre espèce ou un congénère pour augmenter ses chances de survie ou de reproduction est une stratégie efficace, qui nécessite de l'attention pour être déjouée : "Il y a pas mal de gens qui se trompent parce que la fausse girolle a une couleur un peu orangée, comme la vraie. Mais il y a un signe qui est reconnaissable : ce sont les plis ou les lames. Sous le chapeau de la vraie girolle, ce sont vraiment des plis" précise Fred Talineau.
Quand on ne sait pas, on en ramasse un ou deux et après, on l'étudie chez soi.
Fred TalineauMycologue amateur
Danger de mort
Amanites citrines, mycènes roses, bolets, pour chaque espèce des petits détails permettent de distinguer le vrai du faux. Des détails indispensables à vérifier, avant de mettre sa cueillette en omelette.
Le Muséum d'histoire naturelle rappelle que les toxines contenues dans certaines amanites et certaines petites lépiotes détruisent irrémédiablement le foie humain et entraînent la mort. Les toxines de certains cortinaires quant à elles s'en prennent aux reins, autre organe vital, et ne laissent que très peu de chance de survie.
Des applications peu fiables
Le Muséum d'histoire naturelle incite les cueilleurs à ne pas se fier aux applications de reconnaissance. Dans la forêt de l'Hermitain à Souvigné, Fred Talineau constate les déficiences de l'une de ces applications : "Là, il reconnaît une lépiote lisse alors que ce n'est pas du tout ça. Celui-là est toxique alors qu'il dit que c'est comestible. C'est une des plus grandes raisons d'intoxications."
Si la responsabilité des applis reste une hypothèse, une chose est sûre, dans la région comme au niveau national, le nombre d'intoxications est en forte augmentation ces deux dernières années.
À qui se fier ?
Plus de 3 000 variétés de champignons sont aujourd'hui recensées en France, et chaque année de nouveaux spécimens sont identifiés. Les pharmaciens, à qui s'adressent souvent les cueilleurs en proie au doute, s'avouent dépassés : "ça fait partie de nos études, le problème, c'est que si vous ne pratiquez pas, c'est difficile de se tenir à un top niveau" explique Bernard Pénicaud, pharmacien à Niort.
Sur internet et sur les réseaux sociaux, des cercles de mycologues aguerris partagent leurs connaissances et peuvent identifier les champignons sur photos. Sans toutefois garantir une consommation sans risque.