A Neuvy-Bouin dans les Deux-Sèvres, Mathieu Rivault est tombé accro de cette version américaine du palet vendéen. Il est même membre de la toute nouvelle Fédération Française de Cornhole.
Attention, la lecture de cet article pourrait bien chambouler votre vie. Bien sûr, vous êtes sceptiques : ce n'est quand même pas une planche de bois trouée et un sachet de maïs qui vont remettre en cause votre éphémère passage sur la planète terre. Et vous n'aurez pas tort. Mais si vous allez sur la page Facebook du Deux-Sévrien Mathieu Rivault, quelques-unes de vos certitudes pourraient bien être ébranlées. Oui, Mathieu est bien en train de se filmer dans le cadre du championnat international virtuel de cornhole organisé par l'American Cornhole League. Carrément. Regardez :
"Quand j'ai commencé le cornhole, je ne me suis plus arrêté."
"Le cornhole ?!", allez-vous dire. Oui, de fait, c'est souvent la première réaction suscitée par l'apparition de ce nouvel anglicisme qui, littéralement, pourrait donc se traduire par "maïs-trou". Et là, un petit point d'histoire américaine s'impose. C'est Heyliger Adams de Windt qui, en 1883, dépose le brevet de ce jeu dénommé alors "parlor Quoits". "Quoits est un jeu similaire aux fers-à-cheval lancés vers une pointe en métal" nous apprend l'incontournable wikipedia, " le brevet de De Windt fait suite à plusieurs brevets antérieurs de parlor quoits qui cherchaient à recréer le jeu à l'intérieur. Il fut le premier à utiliser des sacs de haricots et une planche inclinée avec un trou comme cible".
Les règles du cornhole sont bêtes comme chou : une planche inclinée donc, un trou et des sachets rectangulaires lestés de céréales. Ca se joue à deux ou à quatre, placez-vous à sept ou huit mètres, un sachet dans le trou, vous marquez trois point, un sachet sur la planche, un point, vous pouvez dégager les sachets de l'adversaire, éviter surtout de les faire tomber dans le trou, quatre lancers chacun et à la fin, calculez la différence de points. Le premier à 21 gagne. Compris ? Pour plus de précisions, merci de vous référer au règlement de la Fédération.
Car, c'est un scoop : il y a bien une fédération française de cornhole. Si ! Mathieu à Neuvy-Boin, Dom près de Rennes et Axel en Ile-de-France (et les autres membres du bureau de l'association) se sont rencontrés sur le forum "Addict Cornhole USA". C'est par pur hasard que chacun avait fait la connaissance de cet improbable sport et c'est par pur hasard aussi qu'ils ont donc décidé de contaminer l'Hexagone avec leur nouvelle passion. "J'ai complètement craqué sur ce jeu", explique Mathieu, "j'étais déjà amateur de palet, mais quand j'ai commencé le cornhole, je ne me suis plus arrêté".
Et le voilà donc cette semaine "en doublette" avec Scott Jones senior, un Américain de l'état de Caroline. Ce tournoi virtuel à distance manque certes de convivialité (ingrédient essentiel du cornhole), mais c'est une bonne occasion pour se frotter à l'élite de la discipline. Aux States, on compte plus d'un million de pratiquants. Un million ! "Pour le troisième match de qualification, j'ai fait 91 points sur 120 possibles, donc je suis pas peu fier !" Il faut dire que notre neuvysois commence à sérieusement toucher sa bille, pardon, son sachet de maïs. Il enchaîne désormais les "air-mails" (comprenez un lancer directement dans le trou) et les "slices" (glisser de sachet sur la planche) comme s'il avait fait ça toute sa vie. Parce que, mine de rien, le cornhole, c'est de la stratégie et du matos de compet'.
Mes sachets, je les achète aux Etats-Unis. C'est plus complexe qu'il n' y paraît. Il y a deux tissus différents sur les sacs, un côté glissant pour les slices et un qui accroche pour les air-mails. Il y a plein de marques différentes. Un sac, c'est entre 380 et 440 grammes, 15,6 cm sur 15,6 et 3 centimètres d'épaisseur. C'est l'ACL, l'American Cornhole league qui donne les homologations.
"Dès que l'on a créé la fédération, j'ai pris contact avec les québécois, l'ACL aux Etats-Unis, les Allemands, les Hollandais et les Italiens", s'enthousiasme Axel Bourdin, Mister President, "ils étaient tous très contents de voir de nouvelles personnes qui s'intéressent au cornhole". De fait, à l'image du Mölkky, il suffirait qu'une grande enseigne de sport loisir décide de commercialiser planches et sachets pour que le maïs se transforme en pop-corn.
C'est un jeu qui ne segmente pas les gens. Le monsieur de 80 ans peut battre le jeune sportif de 20 ans. Hommes, femmes, vieux, jeunes, tout petits ; tout le monde est sur un pied d'égalité et quelqu'un qui s'y met comme moi à 56 ans peut devenir champion du monde... hors USA !
"Y a du level !"
Alors bien sûr, il faudra encore du temps pour que les compétitions soient diffusées à la télévision comme en Amérique et qu'apparaissent des joueurs sponsorisés, mais la FFCH déborde d'énergie. Le 20 août prochain, le premier "Cluny Masters Cornhole" sera organisé en Saône et Loire. D'ores et déjà, l'ACL a annoncé qu'elle enverrait une délégation des meilleurs joueurs américains. Ca laisse un peu de temps à Mathieu Rivault et ses copains pour s'entraîner. De toute évidence, "y a du level" de l'autre côté de l'Atlantique :