"J'ai connu un autre marais". Entre les inondations et le manque d'entretien, l'avenir du marais poitevin pose question

Le 16 novembre 2023 à Niort (Deux-Sèvres), la Sèvre a atteint un débit de 110 mètres cube par seconde. Même si son débit est maintenant en baisse, il y a de quoi se questionner sur l'avenir du marais poitevin, en proie en novembre à de fortes précipitations. Dans les prochaines années, l'équilibre entre marais mouillé et marais desséché pourrait bien être brisé.

"Aujourd'hui, on est à 30 centimètres en-dessous des crues de 1982. Mais en fait, ça ne nous laisse pas beaucoup de marge", regrette Jean-Pierre Servant, président de la communauté de communes Aunis-Atlantique. "Ça fait 18 jours qu’il pleut en continu. Il est tombé  330 millimètres. Il rentre plus d’eau qu’il en sort."  Ce lundi 13 novembre 2023, c'est bien la question de l'avenir du marais poitevin qui semble se poser. Ce site naturel se déploie sur trois départements, la Vendée, la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres. Il est partagé entre marais mouillé et marais desséché. 

L'équilibre du site naturel en question

"Le marais mouillé, c'est 15 000 hectares environ de chaque côté de la Sèvre niortaise et de part et d’autre du marais desséché", explique Jean-Pierre Servant. "Le marais mouillé est là pour canaliser l’eau et l’envoyer à la mer." Des digues ont été construites pour empêcher le passage de l'eau entre marais mouillé et marais desséché. Mais les ouvrages sont aujourd'hui fragilisés et des travaux doivent être mis en place d'urgence. Face à la situation, la communauté de communes Aunis-Atlantique a d'ailleurs activé son plan communal de sauvegarde.

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Vidéos filmées par drone du marais poitevin. ©FTV

Car si le risque de submersion marine a été géré par la communauté de communes Aunis-Atlantique depuis la tempête Xynthia en 2010, le risque d'inondation fluviale est lui bien présent. "Il y a un vrai risque sinon que l’eau ne soit pas canalisée dans le marais mouillé. La priorité sera pour nous la protection des populations. Si, par endroits, on doit laisser une légère surverse, et que le niveau de l'eau dépasse le niveau de la digue, on le fera", affirme Jean-Pierre Servant, également vice-président de l’institution interdépartementale du bassin de la Sèvre niortaise.

L'institution indique que la situation est en "amorce de décrue sur le bassin amont. Pour le marais mouillé les hauteurs et les volumes d’eau sont considérables, la décrue ne débutera pas avant plusieurs jours et prendra beaucoup de temps. Des débordements vers les marais desséchés sont observés à quelques endroits."

"Je ne reconnais plus le marais."

Le marais poitevin est confronté à un autre problème : le manque d'entretien. "Je suis un peu écœuré, j’ai connu un autre marais", déplore Bernard Riffault, président du Syndicat des marais mouillés des Deux-Sèvres. Il désigne d'immenses arbres déracinés, alors que le niveau de l'eau reste élevé. Il dénonce le manque d'entretien sur le marais poitevin : "Autrefois, sur la zone, il y avait l'agriculture et l'exploitation du bois. Aujourd'hui, faisons participer les gens qui vivent du tourisme, car ce sont les seuls bénéficiaires aujourd’hui du marais." 

L'État assure la partie publique de l'entretien, le reste est assuré par les syndicats et les 3 000 propriétaires. "Il faut payer pour tout ça, et le danger, c'est que l'eau ne s'évacue pas, avec des fossés bouchés par la vase et la végétation", prévient Bernard Riffault.

On se donne rendez-vous dans dix ans.

Arnaud Charpentier

Vice-président du conseil départemental de Vendée.

Avec le changement climatique, les paysages du marais poitevin pourraient bien changer dans les prochaines années. "Le GIEC a expliqué que les périodes de sécheresse seront beaucoup plus importantes en été et les périodes de précipitations plus restreintes. Il faut aussi prendre en compte la remontée du niveau de la mer", détaille Arnaud Charpentier, président du syndicat mixte Vendée-Sèvre-Autize.

Arnaud Charpentier se veut rassurant : "On a 40 ans d’avance sur la gestion des ouvrages. Tout est posé sur la table, la question des ouvrages, les ouvrages à la mer, l’entretien..."

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