Après la décision de la DNCG d'exclure le club niortais de toutes les compétitions nationales, l'heure est à la consternation. Supporters, joueurs, staff et entraîneur, tous sont désemparés face à cette situation.
Les filets sont remontés, les tribunes du stade René-Gaillard désertes. Le plus grand club de football du Poitou-Charentes sombre et plonge dans les compétitions régionales. Le club des Chamois niortais ne jouera pas en National 2 pour la saison 2024-2025. Après la décision donnée par la DNCG, l'entraîneur Philippe Hinschberger a donné un dernier entraînement, ce vendredi 2 août.
"100 ans, ça représente beaucoup d'histoires"
Difficile de consoler les supporters venus assister à cette dernière séance. Le cœur n'y est pas et voir leur club dans cet état les déchire. "Ce matin, je suis frustré, je suis énervé. On est un peu impuissant face à cette situation. C'est une bonne chose que ce soit fait, la mort a été trop lente. C'est quelque chose que l'on voyait venir, il y avait un vent qui tournait et qui n'était pas l'idéal pour le club", déclare Amaury, membre du groupe de supporters Ultras Niort. "Pour les salariés qui sont restés jusqu'au bout, c'est quand même très triste, c'est extrêmement rageant."
Un constat partagé par Jules Boinot, qui est attristé : "Pour nous, supporters, c'est compliqué de vivre un moment comme celui-là : dépôt de bilan, rétrogradation en Régional 2, voire Régional 3... On vient à ce dernier entraînement pour montrer tout notre soutien. Je suis triste de voir notre club couler comme Gueugnon ou l'AS Cannes et en colère contre une certaine personne qui a mis fin à des rêves et à une passion tous les week-ends. À la veille des 100 ans, ça représente beaucoup d'histoires." Il espère qu'une seule chose, que le club se relève vite, et avec des gens qui aiment le club.
Claudy Deborde, supporter depuis plus de 60 ans du club, est dévasté, mais n'est pas surpris de la situation dans laquelle le club est aujourd'hui : "Il y a longtemps que je voyais que ça allait mal, que ça tournait du mauvais côté." Cette chute est selon lui synonyme d'un nouveau départ : "Ça repartira. Je souhaite que le club parte sur une nouvelle ère, et plus tard, remonter en Ligue 2."
"Il nous a pris pour des cons jusqu'au bout"
À Niort, c’est un séisme qui a entraîné une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux de la part d'anciens joueurs comme Jimmy Roye, Paul Delecroix ou Dylan Louiserre. Même le capitaine Quentin Bernard n'a pas retenu ses mots lorsqu'il s'agit de pointer du doigt le dirigeant Mikaël Hanouna : "Dans cette histoire, on était les acteurs indirects : sur le terrain, on a fait le job, le coach et le staff ont fait un travail exceptionnel pour essayer de remettre le bateau à flot. Mais c'est la décision d'un homme qui a décidé de prendre l'argent qu'il avait gagné grâce aux Chamois et de se barrer avec. Il va devoir rendre des comptes."
Et notre ancien capi Jimmy qui lui emboîte le pas 💙 pic.twitter.com/XaiA0p3vkJ
— Simon Vuillemin (@SimonVuillemin) August 1, 2024
"On a eu des salaires impayés, des mutuelles impayés, des retenus sur salaire pour les loyers qu'il n'a pas versés aux bailleurs... Cela va au-delà du sportif. Que ce soit sur ou en dehors du terrain, je me suis toujours battu. C'est la mort des Chamois, mais c'est également le début du procès de monsieur Hanouna. Il nous a pris pour des cons jusqu'au bout : l'équipe réserve va basculer en départemental et l'équipe première va jouer, au mieux en Régional 1, au pire des cas en Départemental 1. C'est tout un club à reconstruire."
Tous les joueurs ont vu leur contrat rompu. Pour les salariés du club aussi, c'est une page qui se ferme. "Vu la sanction qui a été prononcé par la DNCG, on s'attend forcément à un dépôt de bilan afin d'épurer les dettes qui sont importantes. Soit Monsieur Hanouna se déplace au tribunal de commerce et dépose le bilan, ce qui m'étonnerait, soit il va falloir que l'on saisisse le procureur de la République pour qu'il dépose le bilan et qu'il nomme un liquidateur et faire tout ce qu'il y a à faire par la suite", annonce Thibault Halimi, responsable des opérations au sein du club de Niort.
"Tout le monde a des envies de meurtre"
La ville de Niort partage également sa peine face à la situation actuelle du club des Chamois niortais. "Je suis très triste. Quand on a vu l'Olympique de Marseille jouer ici, on ne peut être qu'extrêmement déçu de voir la tournure des évènements. Une autre décision aurait peut-être été possible, à condition d'avoir des dirigeants présents, réactifs et volontaires quant au maintien des Chamois. Visiblement, ce n'est pas le cas", fustige Florence Villes, adjoint au maire de Niort en charge des sports. "Nous n'avons plus d'interlocuteur en face. Cela fait des mois que c'est comme ça, et c'est extrêmement dommageable. Les dirigeants se moquent des Niortais, des salariés, des bénévoles, des joueurs et de l'entraîneur. La ville comme l'agglomération ne peuvent pas intervenir : notre seul levier, c'est l'association."
Philippe Hinschberger, entraîneur des Chamois niortais, est dégoûté : "On a le sentiment d'avoir été trompé. Le gros problème du football, c'est de confier des clubs à des gens qui n'ont rien à foutre de la ville, du département et de la région. On arrive à des catastrophes comme celle-ci. C'est une catastrophe humaine : environ 50 salariés vont se retrouver au chômage." Cette chute est due, selon lui, à un seul homme, Mikaël Hanouna. "Ici, tout le monde a des envies de meurtres. On a été trompé par des escrocs, un escroc, Mikaël Hanouna, qui nous a menti pendant toutes ses années, qui a accumulé les dettes sans rien dire à personne, qui s'est présenté trois fois devant les instances de la Fédération française les mains dans les poches avec quelques feuilles volantes."
Quoi qu’il arrive, l’association "Chamois niortais", elle, va continuer de vivre. L’idée de la municipalité est de reconstruire un club amateur avec des bases solides.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Philippe Hinschberger, entraîneur des Chamois niortais :