Ce 27 octobre 2021, trois activistes "anti-bassines", dont Julien Le Guet, porte-parole du mouvement, ont été mis en garde à vue suite aux événements survenus lors d'une manifestation le 22 septembre. Les organisations opposées aux retenues d'eau dans les Deux-Sèvres dénoncent des intimidations.
La "guerre de l’eau" continue. Les "bassines", ces retenues d’eau artificielles censées permettre aux agriculteurs d’irriguer leurs champs en Deux-Sèvres, Vienne et Charente-Maritime cristallisent les tensions depuis plusieurs années. Entre opposants dénonçant les conséquences écologiques du projet et agriculteurs, le dialogue est rompu. À tel point que le 22 septembre 2021, lors d’une manifestation des opposants à la construction des 16 bassines, validée par la justice, quelques échauffourées ont éclaté avec les forces de l’ordre.
Julien Le Guet en garde à vue et relâché dans la journée
Le parquet de Niort se penche sur cette journée de manifestation du 22 septembre 2021. Comme nous l’a indiqué Julien Wattebled, procureur de la République de Niort, trois dossiers sont ouverts dans cette affaire pour : dégradations aggravées, violences aggravées sur les forces de l’ordre et provocation publique et directe.
Première conséquence ce 27 octobre 2021, où 3 personnes ont été mises en garde à vue dont Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines Non Merci !" et figure du mouvement anti-bassines. Leur domicile a également été perquisitionné. Ce dernier a été interpellé et entendu dans la matinée pour "provocation publique et directe non suivie d'effet à commettre un délit" en rapport à des propos tenus publiquement lors de la manifestation du 22 septembre.
Après 6 heures de garde à vue, Julien Le Guet a pu ressortir de la gendarmerie de Coulonges-sur-l'Autize. À sa sortie, il aurait indiqué à La Nouvelle République qu’on lui reprochait notamment d’avoir déclaré : "Une bassine construite, trois détruites." Le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, détaille : "Le but était qu’il s’explique. Les investigations se poursuivent."
Pour nous, c’est clairement une intimidation.
Les deux autres individus interpellés sont - à l’heure où nous écrivons ces lignes - toujours en garde à vue. Il s’agit d’un membre de la Confédération Paysanne, organisation positionnée contre le projet, et de Thomas, un sympathisant du collectif "Bassines Non Merci !". Ils sont tous deux "en garde à vue pour des dégradations aggravées, commises le 22 septembre", comme l’a révélé à France 3, le procureur de Niort, Julien Wattebled.
Interrogé, Thierry Baudry, membre du collectif "Bassine Non Merci !" a dénoncé ce qu’il considère être des pressions contre le mouvement. "C’est clair que c’est une intimidation, surtout concernant Julien Le Guet car c’était pour des propos tenus", s’exclame-t-il. Passablement énervé par l’interpellation de son porte-parole, le collectif "Bassine Non Merci !" avait appelé au rassemblement devant la gendarmerie de Coulonges-sur-l'Autize, avant de se raviser à l’annonce de la fin de la garde à vue de Julien Le Guet.
Dans l’après-midi du 27 octobre 2021, plusieurs réactions politiques en soutien aux trois personnes interpellées ont été communiquées. Le député européen Les Verts/ALE, Benoît Biteau s’est dit "scandalisé par la garde à vue de Julien Le Guet et de deux autres activistes de "Bassines Non Merci" aujourd’hui" et a ajouté : "Nous ne pouvons pas accepter que l’Etat utilise des moyens policiers pour intimider des citoyens qui s’opposent à des bassines, qui, je le rappelle, sont illégales."
Dans un communiqué, le porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts Poitou-Charentes a, quant à lui, déclaré : "Le conflit sur la ressource en eau sur notre territoire doit trouver une issue politique; ni les violences, ni la répression n’apporteront de réponse constructive et acceptable." Une position que partage la Confédération Paysanne, qui juge les gardes à vue "inadéquates compte tenues des faibles dégradations observées" et pointe, à son tour, des intimidations.
Une nouvelle mobilisation le 6 novembre
De son côté, Thierry Baudry pointe également les conditions dans lesquelles se serait déroulée la perquisition de Thomas, sympathisant du collectif. "Ils ne sont pas allés chez lui mais chez ses beaux-parents et ont saisi des ordinateurs de travail qui ne lui appartiennent pas", avance l’activiste sans que nous puissions le vérifier.
Le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, n’a pas souhaité faire de commentaires sur ces diverses accusations. Il a tout de même tenu à rappeler que, le 22 septembre 2021, trois gendarmes ont été blessés et un engin de chantier a été dégradé. "Le rôle de la justice, quand elle a connaissance d’infractions, est d’identifier les auteurs, rappelle-t-il. C’est ce que nous continuerons à faire."
Pas forcément surpris par les interpellations, le collectif "Bassine Non Merci !" s’était rapproché d’avocats en prévision de poursuites. Il prépare à présent une réponse. "Ça ne nous décourage pas", assure Thierry Baudry, tout en précisant qu’une réunion devait se tenir le soir du 27 octobre 2021. Déterminés, les activistes anti-bassines se sont d’ores et déjà donné rendez-vous, le 6 novembre 2021 à Mauzé-sur-le-Mignon pour une nouvelle mobilisation contre le projet. Plus que jamais, le sujet alimente les tensions.