Jean-Romée Charbonneau apparaît sur la photo de profil du principal suspect du meurtre de l'ancien rugbyman, le militant nationaliste Loïk Le Priol, arrêté ce mercredi en Hongrie. L'ancien élu RN au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a accepté de répondre à nos questions.
Quand on l'appelle pour évoquer cette photo publiée par nos confrères de Street Press, il commence par trouver le procédé scandaleux - et ce coup de fil, et la publication de ce cliché. "Imaginez que vous et moi, on se soit vus au 14 juillet, et qu'on ait a été pris en photo ensemble : et donc on est amis ? J'appartiens au FN depuis 38 ans, alors j'ai croisé des milliers de gens dans ma vie."
Mais ce jeune homme-là, oui, Jean-Romée Charbonneau s'en souvient bien.
Il l'a même félicité, le jour où fut pris ce cliché, à l'été 2019 : "c'est le fils de l'un de mes très bons amis, concessionnaire Jeep en France. L'un de mes garçons est militaire comme lui et ce jeune avait obtenu la croix de la valeur militaire, pour ses combats au Mali. Quand un garçon est décoré j'en suis très fier, pour lui et ses parents."
Loïk Le Priol a en effet reçu cette croix, ainsi que deux médailles. Mais l'armée l'a renvoyé en 2017 pour violences : il aurait frappé et étranglé une prostituée lors d'une mission à Djibouti. "Cela, commente Jean-Romée Charbonneau, il ne m'en a pas parlé. Mais pour avoir été faire un tour à Djibouti, je sais comment ça se passe."
"Je ne l'excuse pas, hein." Le jeune homme a ensuite été condamné à deux reprises à de la prison avec sursis pour des violences et attend de comparaître début juin pour "violences aggravées", des actes de torture, sur un ancien président du GUD (Groupe Union défense, ultra-droite). Enfin ce meurtre du rugbyman, pour lequel Loïk Le Priol a été arrêté ce mercredi en Hongrie au terme de quatre jours de cavale. Jean-Romée Chabonneau passe "de si mauvais moments. Je suis malheureux pour Aramburu, qui avait trois gosses et un très joli nom basque. Et malheureux aussi pour les parents Le Priol."
C'est une connerie épouvantable. Quoi qu'il fasse, ce jeune, sa vie est foutue, moralement, militairement, politiquement.
Jean-Romée Charbonneau, ancien élu RN, à propos de Loïk Le Priol
Jean-Romée Charbonneau se souvient bien, à présent, de ce cliché aux côtés de Loïk, qui date du "mariage de Jean-Eudes Gannat : je suis le parrain d'un de ses frères".
Jean-Eudes Gannat. Autre jeune nationaliste, passé par la prison. L'organisation identitaire qu'il dirigeait à Angers, Alvarium, a été dissoute par le ministère de l'Intérieur suite à une série de violences.
"Cela non plus je n'approuve pas du tout. Mais je ne retire en rien mon affection pour la famille."
Il ne voit rien à retirer. C'est sa vie à lui, personnelle, et politique. "Si je vous dis que je ne suis pas d’extrême-droite vous me croirez pas. Si je vous dis que je n’ai pas commis parfois des violences vous me croirez pas - comme tous les garçons j’ai été mettre 2-3 claques à un garçon dans ma vie."
Cette photo aux côtés de Jean-Romée Charbonneau et de Julien Rochedy, ancien patron du FNJ (Front national de la jeunesse), c'est Loïk Le Priol qui l'a publiée sur son compte Facebook - il l'a même choisie comme photo de profil. Fierté de l'ancien élu niortais, quand on le lui apprend : "ah, cela veut dire qu'il avait apprécié notre échange !" En vieux militant soucieux de transmettre, dans son parti comme sa famille, il conclut : "tous ces drames, ces mauvaises conduites, ces malheurs… On n’élève pas nos gosses dans ce sens-là mais ça peut vous échapper."