"On tue nos territoires ruraux" : des moutons inscrits à l'école pour protester contre la fermeture d'une classe

Mobilisation générale pour défendre une classe d'une fermeture éventuelle du Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de Secondigné-les Fosses-Séligné. Des élus et parents ont inscrit 12 moutons à l'école pour se moquer des politiques de chiffre du ministère de l’Éducation nationale.

Des moutons inscrits à l'école. C'est l'idée originale qu'a trouvé l'association des parents d'élèves pour protester contre la fermeture d'une classe, sur le Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de Secondigné-les Fosses-Séligné dans les Deux-Sèvres.

Mercredi 6 mars, les mairies des trois communes concernées ont été informées du projet de fermeture des classes. Les établissements concernés pourraient donc bien voir ses élèves en élémentaire regroupés sur trois niveaux par classe, dès la rentrée 2024.

"Un scandale" pour les parents, qui dénoncent une politique du chiffre "absurde". En réaction, ils ont organisé, dimanche 10 mars au matin, un barrage filtrant devant l'école pour "sensibiliser" les habitants et faire signer la pétition qu'ils avaient écrite.

Douze moutons sur le chemin de l'école 

Pour conserver cette classe ouverte, il manquerait trois élèves. "On nous assène des chiffres, c'est complètement déconnecté de la réalité", s'indigne Lucie Nourisson, la Présidente de l'APE, l'association des parents d'élèves. L'école a donc inscrit 12 moutons sur les listes des élèves pour l'année prochaine. De quoi gonfler les chiffres de l'Éducation nationale et envoyer un message fort : "Nous ne sommes pas des moutons, arrêtez de nous compter"

Cette crainte de fermeture est un problème qui se répète. Tous les ans, le RPI ou regroupement pédagogique intercommunal est menacé de fermetures et les parents ont le sentiment d'avoir "un couperet sur la tête""Cela fait déjà plusieurs années qu'on se bat, c'est fatigant ", raconte Marion Arnaudon-Ayraut, maman d'une petite fille scolarisée depuis trois ans. 

Les instituteurs "ne pourront pas se tripler"

La nouvelle organisation prévue par l'Éducation nationale pourrait "pénaliser les élèves déjà en difficulté", indique la présidente de l'APE. Les élèves seraient regroupés par trois niveaux par classe : petite section, moyenne section et une partie des grandes sections puis l'autre partie des grandes sections avec les CE1 et CE2. "Il faudra nous expliquer comment un enseignant va pouvoir caler trois programmes, ils ne pourront pas se tripler"

Les parents craignent donc pour "la qualité de l’enseignement". "Nous avons l'impression que l'Éducation nationale " brade" l'éducation de nos enfants.", ajoute Stéphanie Gourin. Ses deux enfants sont aussi scolarisés sur le secteur : "On veut juste que notre enfant réussisse".

Sans école, la campagne se vide

Bemsa Bensali partage ce sentiment. Cette maman d'une petite fille qui a fait sa rentrée en petite section est venue s'installer dans la commune de Vaubalier "exprès pour l'école". "On a acheté une maison derrière l'établissement scolaire". Si la classe ferme, l'école de Vaubalier sera peut-être aussi amenée à fermer un jour, puisqu'il n'y aura plus qu'une seule classe, et les enfants seront obligés d'être regroupés sur la commune de Secondigné-sur-Belle. Cette décision pourrait avoir un fort impact sur les projets de vie des familles ayant fait le choix de s'installer ici. 

Certains m'ont déjà dit que si à terme l’école fermait, ils déménageraient. On n'aura plus de jeunes foyers qui viendront s’installer ici. La perte d’une école dans un village, c’est la mort du village

Lucie Nourrisson

Président de l'APE

Tous dénoncent un "cercle vicieux pour la campagne". Pas d'école, pas d'attractivité. "On tue nos territoires ruraux, on vide nos communes, c'est incompréhensible", déplore également le maire de Secondigné-les-Belle. "On est très fiers de vivre dans un milieu très rural, on l’a choisi, mais ce n'est pas une raison pour le disséquer", insiste Marion Arnaudon-Ayraut. Pour elle, la difficulté résidera ensuite dans la réouverture d'une classe, lorsque les effectifs dépasseront les quotas prévus par l'éducation nationale. "On ne se sent pas entendus"

Certains se demandent même, qu'en est-il de "la priorité absolue de l'école", annoncée par Gabriel Attal lors de sa prise de fonction en tant que Premier ministre, le 9 janvier 2024. "On sait qu'en réalité, la décision est déjà prise", reproche le maire de Secondigné. La pétition qu'ils ont fait circuler ce week-end a recueilli 172 signatures.

Dans les Deux-Sèvres, 40 classes sont menacées par une fermeture imminente. Officiellement, le comité doit se tenir jeudi 14 mars et donner ses conclusions dans la foulée. Une journée d'action a été annoncée par les syndicats, le jeudi 14 mars.

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