La première mouture de la carte scolaire 2024-2025 de la Vienne, dévoilée début mars, prévoit 21 suppressions de postes, 11 ouvertures de classes et 36 fermetures. Divisés, les syndicats s'accordent à dire que les investissements du ministère dans le département restent insuffisants.
Mettre Amélie Oudéa-Castéra à la porte n'aura pas suffi à faire retomber la colère des enseignants. Début mars, le Comité social d'administration de la Vienne s'est réuni pour présenter aux syndicats la carte scolaire de la rentrée 2024-2025. Elle prévoit 21 suppressions de postes, 11 ouvertures de classe et 36 fermetures, selon les chiffres de la Direction des services départementaux de l'éducation nationale de la Vienne (DSDEN).
Des restrictions justifiées par la baisse de la natalité dans le département : 30 846 élèves sont attendus à la prochaine rentrée, soit 559 de moins qu'en septembre 2023. Consultés, la FSU-CGT Educ’action et FO se sont positionnés contre, et l'UNSA a préféré l'abstention. "La situation à l’école est devenue très critique. Il nous manque, dans la Vienne, 60 à 80 enseignants pour faire cours, tous les jours, aux plus de 1650 classes", détaille Fabien Vasselin, secrétaire départemental SNUDI-FO.
Des formations trop rares
Plus d'un mois après la grève de la profession contre le "Choc des savoirs", promis par Gabriel Attal, les enseignants déplorent "un manque de moyens" et de "compréhension" du ministère. "Enseigner devient de plus en plus difficile, poursuit Fabien Vasselin. Sur une classe de 24 à 25 élèves, il y en a toujours deux ou trois qui posent problème."
Incivilité, perturbation des cours, voire violence. Le syndicaliste constate une dégradation de la relation professeur élève, face à laquelle beaucoup d'enseignants se trouvent démunis. "Avant, on comptait une à deux agressions par an. Maintenant, c'est trois à quatre par mois. L’agressivité chez les parents augmente aussi. Ces difficultés aggravent l’épuisement des collègues."
Pour mieux répondre à ces nouvelles problématiques, l'enseignant plaide pour un accès plus répandu de la profession à des formations. "Depuis plusieurs années, la méthode d'apprentissage de la lecture a changé. Or, beaucoup de professeurs n'y ont pas été sensibilisés. Nous devons aussi pouvoir apprendre à détecter la maltraitance chez les enfants et à accompagner les élèves porteurs de handicap."
Deuxième tour
Mais faute de professeurs remplaçants disponibles, les titulaires ont bien du mal à "suivre des formations", malgré l'urgence de la situation. "Je suis devenu professeur en 2002. Ma dernière formation remonte à 2004, souligne Fabien Vasselin. Seuls 10 à 15% des enseignants en bénéficient aujourd’hui, et ils sont pour la plupart directeurs. Le ministère s’attend à ce qu’ils puissent ensuite en faire profiter le reste de leur établissement. Mais ils n’ont pas le temps."
Les syndicats sont à nouveau appelés à voter sur la carte scolaire, le 14 mars prochain. L'UNSA, qui s'est prononcé pour l'abstention, début mars, devrait renouveler son vote. "Le DASEN (directeurs des services départementaux de l'éducation nationale du département, NDLR) avait des moyens contraints pour mettre sur pied la carte scolaire", avance Guillaume Gireme, encarté UNSA.
"Il a consulté tous les maires et fait attention à nos recommandations. Nous ne pouvions pas ignorer son travail en votant contre. Mais lorsque le ministère retire 21 postes dans le département, on ne peut pas dire oui. On voudrait qu’il donne des moyens aux services de la Vienne de fonctionner correctement."