Quasiment un an jour pour jour après les manifestations de Sainte-Soline, de nouveaux rassemblements étaient organisés ce samedi 23 mars 2024 dans les Deux-Sèvres. Environ 200 personnes se sont rassemblées, déterminées à poursuivre leur lutte tout en commémorant les événements du 25 mars 2023.
Le 25 mars 2023, des milliers de manifestants se rassemblaient sur le site de Sainte-Soline, pour protester contre la création de mégabassines. À cette occasion, de violents affrontements éclataient entre les manifestants et les forces de l'ordre.
Un an après, plusieurs manifestations non déclarées ont eu lieu ce 23 mars. Selon nos informations, environ 200 personnes se sont rassemblées à Melle, dans les Deux-Sèvres.
"Un anniversaire malheureux"
Ce samedi, la journée a été rythmée par de nombreuses actions. Dès le début de matinée, les manifestants brandissent des pancartes, avec des slogans comme "L'eau est un commun". À 10 h, un cairn, un monticule de pierres, a été érigé "en soutien aux victimes de violences policières".
"Après les violences, le canardage, être là aujourd'hui, ça fait chaud au cœur et on peut penser aux blessés", déclare Frédéric, qui était présent à Sainte-Soline le 25 mars 2023.
Benoît Jaunet, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres, estime que le cairn "crée un lieu où ça s'est bien passé. Comme tout mauvais souvenir, il ne faut pas l'enfouir, mais savoir le partager." Benoît Jaunet a été condamné à 1 000 euros d'amende suite aux événements de Sainte-Soline. Ce samedi marque pour lui "un anniversaire malheureux, pour se remémorer toutes les violences alors que la lutte continue.
On commémore, mais on se dit que les choses n'ont pas tant changé que ça, donc on doit rester mobilisé.
Benoît JaunetOpposant aux mégabassines
Une pensée partagée par Luc Delmotte pour qui le "côté festif" est très important, "pour montrer qu'on est positifs." Le Rochelais est venu ce samedi à Melle "en mémoire de ce qu'il s'est passé l'année dernière". "C'était très choquant. La relation entre des gens pacifiques qui défendent l'eau, un bien commun, et en face, l'État qui tape dessus de façon hallucinante, il y a quelque chose à faire savoir."
"C'est un événement pour dire notre détermination. "Commémorations", c'est un peu trop lourd, et "célébrations" n'était pas adapté, on sait que ça a été des moments forts", précise Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci, dans une adresse aux manifestants.
Le terme de commémor'actions disait bien la nécessité d'être ensemble, de se retrouver un an après.
Julien Le GuetPorte-parole du collectif Bassines non merci
"Ça permet de témoigner, de dire que les manœuvres de [Gérald] Darmanin (ministre de l'Intérieur, ndlr) et de ceux qui ont donné les ordres pour nous tirer dessus, ont complètement capoté", poursuit-il.
Chansons et pique-nique
Au fil de l'après-midi, l'ambiance est restée festive avec des chants entonnés par les dizaines de manifestants, notamment "Paysannes, paysans, nous chérissons la terre, la terre de nos enfants."
"Aujourd'hui, on veut continuer de se soigner ensemble, dire qu'on est là. Le coup de l'an dernier qui aurait voulu que le mouvement soit annihilé et massacré, avec un effet de blast, n'a pas lieu. C'est le contraire qui s'est produit", expose Julien Le Guet.
Les manifestants tiennent à rappeler les raisons de leur présence. "On était 30 000 à venir s'opposer au projet de mégabassine de Sainte-Soline et la gendarmerie, l'État, ont blessé des dizaines de personnes. Le lendemain de Sainte-Soline, Gérald Darmanin avait décidé de lancer une procédure de dissolution et il a finalement dissout les Soulèvements, avant de se faire débouter par le Conseil d'État", rappellee un membre des Soulèvements de la Terre. "Aujourd'hui, on est là, non seulement avec des centaines de comités locaux, mais avec encore plus de détermination".
Dans le cadre de la saison 7 des soulèvements de la Terre, on va se mobiliser pour la défense de l'eau.
Un manifestant
Rendez-vous devant la gendarmerie de Sauzé-Vaussais
Après un pique-nique en milieu de journée, les manifestants sont arrivés à Sauzé-Vaussais, pour participer à un tournoi de pétanque et palet. C'est dans le commissariat de la commune que, selon les manifestants, les objets confisqués en amont de la manifestation de Sainte-Soline, notamment des boules de pétanque, auraient été conservés. La demande, "Libérez les cochonnets", s'est faite dans le calme.
Munis de leur justificatif de confiscation, certains manifestants ont pu récupérer leurs biens, un an après les affrontements. "Je me suis fait saisir une scie l'année dernière sur un trajet professionnel. Le matos est là, stocké, référencé, les gendarmes sont plutôt de bonne foi", raconte Mathieu. "On l'a retrouvée très rapidement, dans un état lamentable à cause des conditions de stockage. Comme c'est une arme par destination, ils ne me l'ont pas rendue."
Cette journée de commémor'actions en appellera d'autres. Lundi 25 mars, les organisateurs appellent à "des méga boum's" partout en France, des rassemblements devant les gendarmeries et les préfectures.
Des restrictions sur tout le département des Deux-Sèvres
Dans ce contexte, la préfecture des Deux-Sèvres a annoncé des mesures particulières. La vente, le transport d’artifices et carburant au détail, acides, produits inflammables, chimiques ou explosifs sont interdits jusqu'au lundi 25 mars 2024 à minuit.
De plus, les services de l'État autorisent, "aux abords des rassemblements non déclarés, la captation, l’enregistrement et la diffusion d’images captés à partir d’aéronefs", dans le secteur de Melle le 23 mars de 9h à 21h, et dans le secteur de Niort et de Melle le 25 mars de 17h à minuit.
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Un bilan lourd
Il y a un an presque jour pour jour, des centaines de manifestants s'étaient rassemblés à Sainte-Soline pour s'opposer à un projet de méga-bassine. La manifestation avait été interdite quelques jours auparavant par la préfecture.
Mais les organisateurs, parmi lesquels les Soulèvements de la Terre, le collectif Bassines non merci et la Confédération paysanne, avaient maintenu l'événement.
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Le 25 mars 2023, de violents affrontements avaient opposé manifestants et forces de l'ordre. En juillet 2023, la Ligue des Droits de l'Homme avait de nouveau demandé au gouvernement de revoir sa méthode de maintien de l'ordre en France.