Dordogne, Béarn, Pays Basque et Gironde : des milliers de manifestants pour défendre les langues régionales

A l'appel du collectif "Pour que vivent nos langues", plusieurs manifestations sont organisées en Gironde, Dordogne et dans les Pyrénées-Atlantiques. Les manifestants dénoncent la censure d'un article de la loi Molac, le 21 mai dernier.

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Plusieurs manifestations étaient organisées ce samedi 29 mai, dans les différents départements de Nouvelle-Aquitaine pour le maintien des langues régionales. Dans plusieurs villes de Dordogne, Pyrénées-Atlantiques ou de Gironde, des dizaines de personnes se sont rassemblées à l'appel du collectif "Pour que vivent nos langues".

Les manifestants dénoncent la censure d'un article de la loi Molac, sur l'enseignement immersif des langues régionales, le 21 mai dernier. Une décision controversée prise par le Conseil constitutionnel qui affirme que cette disposition est contraire à la Constitution, qui stipule que "la langue de la république est le français".

En Dordogne, le maintien de l'occitan

En Dordogne, quatre rassemblements étaient organisés par six collectifs, à Sarlat, Périgueux, Bergerac et Nontron. Dans le département, c'est l'occitan qui est menacé par cette disposition selon les organisateurs de la manifestation. En 2020, malgré son classement en "danger sérieux d'extinction",  9% des Périgourdins parlent occitan, soit 37 000 habitants. Aujourd'hui, plus de 1000 enfants dordognais suivent un enseignement en occitan.

"Cette loi permet non seulement de donner un statut aux langues régionales mais aussi de consolider la pédagogie de l’enseignement immersif, désormais interdit par les juges constitutionnels", assurent , assurent Germinal Peiro, président Conseil départemental de Dordogne et Régine Anglard, vice-présidente chargée de la culture et des langues occitanes, dans un communiqué.

Ils disent "regretter" la décision des députés, expliquant que "les langues régionales, et l’occitan en particulier, ne portent pas atteinte à la langue française, car les langues se renforcent et s’alimentent mutuellement".

400 personnes à Pau

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. C'était notamment le cas ce matin, à Pau. Près de 400 personnes se sont donné rendez-vous devant la préfecture, pour dénoncer la mise en danger des "calandretas", ces écoles publiques où l'immersion linguisitique est pratiquée, notamment celles du basque et du gascon.

"Pour les langues, l'immersion, pour les enfants qui sont des éponges, c'est une façon plus efficace d'apprendre la langue. C'est tout un pan de notre culture qui est en danger", explique Marc Moncade, vice-président de la calandreta Paulina.

Après l'adoption de la loi Molac, le 8 avril dernier, certains ne comprennent pas ce revirement de situation. Ils demandent ainsi la réécriture de l'article 2 de la constitution, afin d'inclure les autres langues. 

"Ca a été un ascenseur émotionnel, entre le 8 avril et la décision du 21 mai du conseil constitutionnel. Les calandretas, ça existe depuis plus de 40 ans. On est soudainement mis hors la loi, c'est incompréhensible, ubuesque", regrette Jean-Brice Brana, membre du congrès permanent de la langue occitane.

Parmi les manifestants, Jean Lassalle et François Bayrou faisaient partie du cortège. "Je trouve cette décision extrêmement dangereuuse car si elle est suivie, elle condamne à mort les écoles de langues immersives. Je sais que beaucoup proposent des méthodes différentes, mais pour moi, il faut un changement de la constitution. Que l'on écrive que l'Etat a le devoir de soutenir les langues régionales, car c'est notre patrimoine", a précisé ce dernier.

Des milliers de personnes à Bayonne

C'était l'une des manifestations les plus attendues d'Aquitaine. Près de 10 000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées en fin d'après-midi sur le parking de la salle Lausanne, à Bayonne, pour défendre l'euskara. Dans le cortèges, des professeurs mais aussi des parents, des élèves arborants des t-shirts aux couleurs de leurs établissements ainsi que des élus et des associations étaient présents. Le cortège, qui a noircit les rues de Bayonne était notamment précédé par des tracteurs.

Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, faisait également partie du cortège. "Il est indispensable que notre mobilisation vienne influencer la position de l'Etat. J'ai trop de respect pour critiquer les décisions du Conseil cosntitutionnel mais je critique les conditions dans lequelles il a été saisi. Je parle ainsi du rôle pervers du Ministre de l'Education nationale, qui s'est opoosé par tous les moyens à cette loi Molac, malgré son adoption à une large majorité", a déclaré le maire de Bayonne. 

Pour l'édile, il est désormais du ressort du Président de la république de prendre une décision. "Nous devions avoir une loi cadre, nous nous retrouvons dans un vide juridique", a-t-il constaté.

Au Pays Pasque, il existe désormais 107 écoles bilingues. En parallèle, 89% des collèges proposent l'enseignement de la langue basque.

Bordeaux en soutien

Dans la capitale girondine, orès d'une centaine de personnes ont également manifesté sur le parvis des droits de l'homme, au son des accordéons et des musiques traditionnelles. 

"Le parvis des droits de l'homme c'est symbolique, on défend une diversité culturelle mais surtout ce qu'on est et ce que nous ont livré nos ancêtres, explique Benoît Dupin, enseignant à Sciences Po Bordeaux. On part d'une situation où il y a eu un vrai développement de l'enseignement immersif. On a donc mal vécu parce qu'on attendait de gagner une meilleure reconnaissance, qu'on a eu avec la loi Molac mais aujourd'hui, on a l'impression que le gouvernement ne respecte pas la diversité des langues régionales, qu'il souhaite moribonde."

Plusieurs personnalités politiques ont pris par au cortège tel que les élus écologistes Monique De Marco mais aussi Nicolas Thierry, Anne-Laure Bedu.

 

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