Comment les villes moyennes tentent de ramener les clients dans leur centre-ville

Comment ramener les clients dans le centre-ville, animer ces espaces où les enseignent ferment ? Les choix sont délicats et les conséquences parfois très lourdes. Deuxième ville de Dordogne, Bergerac n'échappe pas à la problématique des agglomérations françaises moyennes qui tentent de relancer leur centre-ville déclinant.

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Petits commerces en perte de vitesse, vitrines désertes, une population qui migre progressivement du centre vers les zones périphériques, des activités et des commerces qui font de même. Bergerac n'échappe pas au syndrome des villes moyennes. Au printemps 2018, elle a fait partie des 222 villes bénéficiant du plan national "action cœur de ville".  Un plan quinquennal pour travailler sur l'habitat, le commerce, l’emploi, les transports et la mobilité, l'éducation, la culture et le sport, ou encore le numérique.

Plans quinquennaux

Le coup de pouce d'une quinzaine de millions de l'État a permis de faire avancer différents projets, de la maison des associations Joséphine Baker au centre Dordonha, de la requalification de la place Gambetta à la nécessaire rénovation de la halle du marché couvert. La version suivante de ce plan d'action qui court jusqu'en 2026 a été signée en décembre dernier. Elle devrait permettre de s'attaquer au quartier de la gare et au développement de l'ancienne base militaire de l'Escat. Mais déjà, la mairie se félicite des résultats de la première tranche de travaux en s'appuyant sur les conclusions d'une nouvelle étude menée par un cabinet d'audit.

On voit que l'offre commerciale de Bergerac gagne en vitalité !

Jonathan Priolleaud, maire de Bergerac

 "On voit que la vacance commerciale [la proportion de locaux vides. NDLR] baisse à Bergerac. On était à 16%, on est passé à 11%, il y a un gros travail qui a été fait."

Un travail de fond réalisé par un "manager de centre-ville" auprès des propriétaires bailleurs pour les inciter à louer, et aux candidats à l'installation pour les accompagner.

"Cette vitalité, on la voit dans les chiffres, d'abord parce que les services non-commerciaux ont fui le centre-ville et qu'on est davantage sur les cafés, les hôtels, les restaurants qui se sont ouverts, on voit cette dynamique de centre-ville."

Les places sont chères

"Il y a quand même beaucoup de choses positives à Bergerac par rapport à d'autres villes moyennes de France. La halle fait une nouvelle dynamique dans le centre-ville"  confirme Julien Bourgeais, président de la Fédération des commerçants des quartiers du centre-ville de Bergerac. "Après, il faut faire attention à ce problème de stationnement. Ce n'est pas un problème de place, mais un problème de prix,"  continue le commerçant qui souligne les difficultés de dialogue avec la société privée gérant les places de stationnement.

La conséquence, c'est qu'il y a beaucoup de clients qui ne viennent pas à cause de ce prix de parking.

Julien Bourgeais

président de la Fédération des commerçants des quartiers du centre-ville de Bergerac.

Addition mortellement salée ?

Le centre-ville de Bergerac sauvé des eaux ? Pas si sûr, ou du moins au prix de beaucoup de naufrages, à entendre Maxime Vincenot, gérant d'une enseigne de vêtement qui mettra la clé sous la porte samedi 28 septembre, après 14 ans d'exercice à Bergerac. "Il y a du travail à faire ! Déjà, on a subi le Covid. La consommation des gens a différé, a changé, il a fallu s'adapter. [...]

On a subi à Bergerac les travaux de la Halle qui ont duré deux ans et demi. Je pense qu'en six mois ça aurait dû être plié, mais ça a duré deux ans et demi chez nous !

Maxime Vincenot

commerçant

Travaux interminables et grande distribution mortifère

"Ensuite, il y a eu la halle. Le problème de cette halle, c'est la durée des travaux." continue Maxime Vincenot." Aujourd'hui, elle est très belle, mais elle a fait fuir les gens, les consommateurs bergeracois. Déjà que nous subissions de plein fouet une zone commerciale avec une zone de chalandise très grande qui impactait le centre-ville. Elle s'est, je pense, dédoublée. Quand on avait dix clients ici, il y en avait cent là-bas. Aujourd'hui, ils sont deux cents là-bas contre cinq ici." 

Le combat épuisant du pot de terre contre le pot de fer. "Nous, on a essayé de continuer à Bergerac en centre-ville, de faire vivre nos commerçants. Je me suis battu pendant toute la durée des travaux pour pouvoir continuer et j'ai persévéré. Aujourd'hui, maintenant que les travaux sont finis, je raccroche les gants." explique Maxime Vincenot, épuisé, même si le pire a été évité dans son cas, puisqu'il a tout de même réussi à trouver un repreneur pour son enseigne.

"D'autres commerces n'ont peut-être pas eu la chance de trouver un repreneur derrière, et je pense qu'on est plutôt nombreux... dont des franchises d'ailleurs." poursuit-il.

Il n'y a pas que les indépendants, il y a des franchisés qui, eux aussi, ont été obligés d'arrêter également par manque de fréquentation, parce que les gens ont fui le centre-ville.

Maxime Vincenot

commerçant

En tout cas, il sort amer de ce long combat et il a la dent dure contre la politique menée dans sa ville. "Aujourd'hui, dans la municipalité, disons que les employés font ce qu'ils peuvent, avec un dirigeant qui fait ce qu'il veut".

Circulation, animation, infrastructure

La situation bergeracoise reste dans tous les cas symbolique d'une situation plus globale. Sans surprise, le neuvième Baromètre du centre-ville et des commerces, confirme que si les fFrançaissont toujours très attachés à leur centre-ville, ils sont aussi toujours réticents à s'y rendre pour les mêmes raisons, difficultés de stationnement et de circulation en tête.
Le manque d'animation et les vitrines vides sont aussi un frein, tout comme les risques d'insécurité, le manque d'infrastructures publiques et le coût des achats, notamment alimentaires, plus élevés. Face à cela, la population continue à privilégier les grandes surfaces périphériques, plus simple d'accès et à priori moins onéreuses. Difficile de lutter contre cela.

Vers le centre-ville idéal ?

Bergerac essaie, sans doute à marche forcée, de construire un centre-ville idéal, celui dessiné par ce même baromètre qui révèle que les Français attendent désormais un centre-ville axé sur le plaisir et le bien-être. Un endroit accessible et convivial proposant marché, halles gourmandes et commerces alimentaires, terrasses de café, animations et espaces verts. Des services publics et de santé ainsi que des professions libérales complétant le portrait de ce lieu parfait. Pour y parvenir, la route est longue, et elle a déjà laissé des marcheurs sur le bas-côté.

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