La rapporteure publique a conclu à la suspension des travaux initiés par le Département de la Dordogne pour contourner Beynac. Cette affaire a pris une ampleur nationale depuis que l'animateur Stéphane Bern soutient les opposants. Un dossier vieux de 30 ans et des travaux déjà avancés.
C'est peu de dire que c'est un dossier qui déchaîne les passions. Voilà le nouveau rebondissement, judiciaire cette fois. L'affaire est portée devant le conseil d'Etat. L'avis du rapporteur public a été rendu ce jeudi matin. Il recommande de suspendre l'autorisation préfectorale (de travaux), a précisé Me François-Henri Briard, qui représente une association de défense du patrimoine, La demeure historique.
Vive réaction du président du Département, Germinal Peiro, qui est à l'origine du projet.
Derrière tout ça, on sent que tout est fait pour le monde urbain et les Ploucs devraient vivre peut être en regardant passer les libellules.
Voilà des mois que la bataille fait rage entre le patron de la Dordogne et les opposants qui voient dans cette décision une victoire à l'horizon.
Le rapporteur "a considéré qu'il n'y avait pas de motifs majeurs justifiant cette déviation, au regard des conditions de circulation dans la village de Beynac et que par ailleurs il y avait des atteintes excessives à la protection des espèces et à la protection d'un grand parc archéologique", selon l'avocat.Pour l'opposant Kléber Roussillon joint au téléphone, des éléments factuels ont porté : " Le fait qu'aujourd'hui, une traversée de Beynac a été réalisée, il n'y a plus de problème d'encombrement. Et le coût des travaux... "
Les associations opposantes ont toujours fait valoir que " Ce projet défigurerait à jamais la vallée de la Dordogne, bordée de six célèbres châteaux et classée réserve de Biosphère par l’UNESCO. "
Tension depuis des années
Ce projet de contournement agite ce coin de Périgord depuis trois décennies. Et depuis quelques temps, la colère des opposants est relayée partout en France.
En effet, il cristallise depuis des années l'opposition des défenseurs de l'environnement comme ceux du patrimoine. Au point de provoquer la colère de Stéphane Bern, chargé d'une mission sur le patrimoine, très remonté contre l'initiateur du projet, Germinal Peiro, président PS du conseil départemental.
Doté d'un budget de plus de 30 millions d'euros pour construire une déviation routière de 3,2 km et deux ponts, le projet de "contournement de Beynac", dans l'une des vallées les plus touristiques du Périgord, est censé résorber les bouchons qui paralysent le centre-ville durant la saison estivale.
Le dictat des Parisiens pour le patron du département
Germinal Peiro rappelle : " A la fin du mois de décembre, nous aurons payé 15 millions TTC de travaux, les opposants coûtent très cher à la collectivité. "
Le président du département n'en démord pas : " La déviation de Beynac se fera car c'est l'intérêt de la Dordogne. C'est un peu fort de café que des gens qui habitent Neuilly dictent aux Périgourdins ce qu'ils doivent faire. "
La décision pourrait arriver en début d'année prochaine. Le Conseil d'État devra se prononcer sur la conformité de l'arrêté de la Préfecture autorisant les travaux.
Sébastien Bouwy a fait réagir Germinal Peiro ce jeudi après-midi, il y voit l'opposition entre deux mondes :
Le monde rural ne doit être un territoire réservé aux parisiens qui viennent en vacances.