Conséquence du coronavirus, les fraisiculteurs périgourdins ne peuvent plus faire appel à une main d’œuvre étrangère. Inquiets, ils se demandent comment ils vont réussir à ramasser leur production.
L'angoisse des fraisiculteurs
"On ne sait pas du tout comment ça va se passer, on a peur !" s'exclame Jean-Pierre Roquecave, producteur de fraises à Notre-Dame-de-Sanilhac. Au bord des larmes, il s’inquiète pour l’avenir de l’exploitation familiale. "Si on perd la récolte, ça va être un véritable tsunami ! Je ne sais pas ce qu’on deviendra…"
Manque de main d’œuvre
Si Jean-Pierre s’active sous la serre, c’est pour aider son fils, Martin. Il y a quelque temps, le jeune homme a pris la tête de l’entreprise familiale. Malgré son sourire et sa bonne humeur, l’inquiétude se lit sur son visage. Chaque année, pour ramasser sa récolte, il fait appel à des saisonniers qualifiés, originaires de Pologne. Confinement oblige, ils ne peuvent faire le déplacement. "Ils font 2000 kilomètres pour venir travailler ! Normalement on est 8, aujourd'hui on se retrouve seulement à 3" détaille Martin.
Trois générations au milieu des fraises
Pour l’épauler, Martin peut compter sur son père mais aussi sur sa grand-mère ; Reine âgée de 78 ans. "58 ans que je suis dans les fraises et je n’ai jamais connu ça ! Jamais !" explique la septuagénaire. "Nous n'avons personne pour ramasser les fraises et nous ne savons même pas si on les vendra" poursuit-elle, amère.
Quid des ventes ?
Outre le manque de main d’œuvre, l’angoisse se porte également sur la vente des fraises. "On les attend depuis très longtemps ces fraises, on les a plantées au mois d’août. On est toujours content quand on les voit arriver ! Le problème aujourd’hui, c’est le manque de consommation. Si tout le monde peut acheter des fraises, on arrivera peut-être à s’en sortir" indique Martin. "J'appelle les grands distributeurs à un nouvel effort : approvisionnez-vous en produits français" a déclaré il y a quelques jours Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie. Bonne nouvelle pour les 200 fraisiculteurs de Dordogne, les grandes et moyennes surfaces jouent le jeu. "Les fraises vont être distribuées dans les rayons, c'est bien !" explique Sylvain Dureux, conseiller technique à la SOCAVE, la coopérative agricole des fraises du Périgord. "Derrière, il faut que les gens achètent ! C'est un acte citoyen de manger des produits français !" poursuit-il.
De l'aide pour la récolte
Mais avant que les fraises inondent les étals, encore faut-il réussir à les récolter... Depuis quelques jours, la famille Roquecave reçoit de nombreux coups de téléphone. À l'autre bout du fil, des personnes de toute la France, prêtent à venir donner un coup de main. "Ça fait chaud au cœur" confie Jean-Pierre.Il y a quelques jours, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a lancé "un grand appel aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas, qui sont confinés chez eux... Je leur dis de rejoindre la grande armée de l'agriculture française, ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine". Sur son site internet, la Chambre d'Agriculture de la Dordogne a relayé cet appel. Si vous souhaitez candidater, une seule adresse : anefa-dordogne@anefa.org !
Dans le département voisin, en Corrèze, ce producteur de fraises a filmé sa serre et sa détresse de devoir tout laisser.