Les personnels soignants dénoncent toujours les conditions de travail ainsi que le manque de moyens et de personnel qui détruisent pas à pas le système de santé français, démotivent les personnel en place et découragent les vocations. 26 mois après, le Ségur de la santé n'a pas répondu aux attentes
L'image est devenue d'une dramatique banalité. Des personnels soignants désabusés, fatigués, en attente de plus de moyens pour assurer leurs missions, dans un service de santé public en déliquescence. Des services hospitaliers désertés par des professionnels encouragés à rejoindre le privé ou à quitter le métier, et des annonces qui se multiplient sans convaincre sur le terrain.
Pathologie multiple
Indemnités de nuit, de dimanche et de jours fériés, services d'urgence fermés en cascade, des résidents en fin de vie dont on n'arrive plus à s'occuper, des lits d'hospitalisation qui continuent de fermer, un personnel au bord de la rupture, des congés, temps de pause et de repos sacrifiés, le manque de temps pour former les nouveaux arrivants, des contractuels peu motivés par les salaires, une fuite du personnel, et en face, des accords emportés de haute lutte lors du Ségur de la Santé qui ne répondent qu'à une partie du problème.
Le reportage sur place France 3 Périgords - Émilie Bersars & Aurore Trespeux . Montage Alexandra Cassar-Rajaud
Aujourd'hui le volet RH est complètement mis de côté, le manque criant d'agents dans les établissements perdure, et malheureusement, on n'arrive plus à s'occuper dignement des personnes accueillies, que ça soit à l'hôpital, que ça soit en EHPAD. Les agents ont le sentiment de mal faire leur boulot, ils le vivent très mal au quotidien.
Pascal Lethang, FO-Santé
On n'a pas pris soin du système de santé
Tout n'est pas imputable au gouvernement actuel, reconnaissent certains syndicalistes. Le processus s'est installé de longue date, et le covid n'a fait qu'exposer en plein jour une situation qui pourrissait depuis plusieurs décennies. La crise a subitement mis en lumière le travail et l'abnégation des soignants, mais aussi leur détresse.
Passés les applaudissements et la reconnaissance passagère du public, les soignants sont retournés à leur condition habituelle. Sans plus de temps, sans plus de personnel, sans plus de salaire, sans plus de garantie sur l'avenir.
Un Ségur incomplet
Le Ségur de mai 2020, vaste concertation entre les acteurs de la santé, le gouvernement, les syndicats, les personnels et les collectifs devait améliorer, refonder et faire sortir de la crise le secteur de la santé. Il devait travailler sur le financement, l’organisation du système, les carrières et concernait aussi bien les hôpitaux, la médecine de ville, le secteur médicosocial que les EHPAD. Une "bouffée d'oxygène", reconnaît-t-on, mais qui a fait l'impasse sur le volet ressources humaines. La main-d'œuvre fait toujours défaut